jeudi 7 janvier 2010

SUD - Etude pour un concept album.

1A
Un point de côté, à peine plus. Un stigmate invisible à l’œil nu à l’endroit où j’ai découvert qu’une autre t’aimait et que tu l’aimais en retour. Bien vite cautérisé par sa trahison. Toi comblé, j’aurais eu béant, un gros trou rouge sous la jupe. Là, ça ne se voit pas. Je peux tout à fait aller à la piscine, mettre un maillot de bain sans attirer les regards curieux qui feraient semblant de regarder ailleurs en fixant l’aimant de la plaie.

2B
A ce point passer inaperçu alors que le monde danse. Quelque part j’ai du mal faire.

C3
Y’a du sang partout. Tu t’es fait mal dans la salle de bain ?

D4
Comme Juliette je suis amoureuse d’être amoureuse. Jumelle par artifice, juste pour te plaire, une histoire arrangée comme une bouche peinte. Je sais que je ne t’aime pas. Je te désire, tu apparais. Je frotte la lampe d’Anaïs.

E5
Ton tréma me dit ho hisse. Pour rien je crois. Juste pour vérifier si je prends une fois encore la peine de me hisser jusqu’au sommet de ton torse. Ça marche à chaque fois.

F6
A force de gueuler dans le noir je ne produis que du silence.

7G
J’ai mal là où tu m’as touchée. Parfois.

8H
‘reaching the high end of low… Tu fredonnes. Le balancement de tes hanches épouse le mouvement basse/batterie.

9I
J’écoute tes disques. Je me surprends à parler comme toi. J10 Je t’aime ad libitum. Juste parce que tu n’es pas là et aussi parce que ça fait joli.

11K
Tu t’es choisi un nom que je ne peux pas prononcer. Sous peine de mort.

L12
Monsieur de Seingalt. A ton doigt je suis chevalière des tropiques plus que poupée de salon.

13M
Miroir mon beau miroir, Dis-moi que je suis La plus…

N14
Tu t’effeuilles et puis rhabilles ton tronc nu. Tu rallumes, tu hésites.
Anaïs. Le N un L, le A un O.
Ton non de code qui veut dire oui.

O15
Tu effaces ton profil. Reste des réponses où figure ton prénom à des messages dont les questions ont disparues. Et ta page où tu barbouilles le sang qui te sort du cœur puisque sur cet organe le pansement ne tient pas : trop humide.
Je te vois enfin de face.

P16
‘scuse me ?! Sorry ! Can you tall me how to get to hope road please ? (With strong cockney accent).

17Q
Le cul n’est pour moi que l’initiale du quotidien. J’attends beaucoup plus.

18R
Penchée sur ton cahier tu ne me vois pas debout derrière ton dos. Je regarde ta nuque. Et deux secondes – 1, 2 - j’hésite entre le sabre et le baiser.

S19
Nous sommes devenus amis en juillet, ce joyau qui pend à l’oreille d’une nubienne et lui caresse la joue de son éclat diamantin. Tu t’appelais alors Roméo.

T20
Je me suis réveillée dans ton lit ce matin du premier jour de l’année. Tes pèle-mêles au mur m’ont fait sourire jaune. Tes peluches crades, je les ai trouvées moches. Ton père nous a prêté la maison. Il est à Oklahoma city jusqu’à demain. Quand l’océan a sauté la barrière et pénétré dans le jardin – comme un qui se coule dans le recoin d’une porte pour mieux épier – sans pitié aucune pour le vieux chien ventre gonflé baudruche à quatre pattes à la surface, je n’ai pas eu peur, je n’ai rien fait. Je ne me suis doutée de rien. J’ai fixé le bout de mes pieds, longtemps, et l’eau qui affleurait au bout des semelles parce qu’il n’y avait plus d’horizon.





U21
Ce que je fais là, c’est que je te tue et toi tu ne te doutes de rien, tu ne sais même pas que tu es en vie. Ma chose, mon amour, ma chimère.


22V
Anaïs a deux faces. Et c’est pile le bon côté de son petit personnage.

W23
Ce n’est pas évident de se jeter comme ça à la tête d’un auteur. Je me suis dit, elle va se sentir empêtrée avec ça, elle ne saura quoi pas en faire après qu’elle se sera donnée un peu de lustre avec ma brosse à reluire. Elle ne comprendra rien ni ce que ça a de capital. L’histoire, elle va tomber à côté.
Une déclaration ça doit être désiré. Tombée du ciel, ça s’écrase.

24X
Je rêve de toi toutes les nuits. Toute une vie qui se tient ailleurs.
Peu savent qu’il faut sortir de son corps pour jouir. Avec toi tous les soirs je fais des NDE.

Y25
Tous les jours je porte du rouge à lèvres, des talons aiguisés, des griffes peintes, des robes qui laissent tout deviner, des bagues serpent, du fard pour faire s’échouer les marins et un joli petit rire qui découvre les crocs limés de mon vouloir toi.
Tout ça est totalement gratuit et disponible à l’instant même où je passe la double porte de l’ascenseur.

26Z
D4, G7, 11K… Ni touchée ni coulée ! Dans l’ordre comme dans l’autre.
Je suis un grand éclat de rire.
Je sautille sur ton porte-avions.