NORD SUD - "Au fumoir" (variation sur Gammes) 1

Première VARIATION autour de notre texte GAMMES paru dans la revue DISSONANCES (numéro 22).

AU FUMOIR ON NE FUME PLUS mais, grâce au DJournaliste hispano-mexicain Enrique Helguera de la Villa, ça lounge à mort, ça lieu-communique du feu de dieu :

« L’avènement de l’électricité et l’invention de techniques d’enregistrement et de reproduction ont dépossédé la musique de son aura invisible et l’ont transformée pour le meilleur et pour le pire en une réalité quotidienne accessible à tous à tout moment ».

Farandole de murmures approbateurs. Prélude à l’estocade rhétorique, lyrique :

« Désormais, tout le monde peut s’improviser magicien. »

{IMAGE} Девушка у пианино (Увертюра к"Тангейзеру") {français : L’Ouverture de Tannhäuser ou Jeune fille au piano} Paul Cézanne, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.

La petite au piano dans le salon voisin, pourtant, est là pour le rappeler : il est FAUX de penser qu'avant l'invention du disque la musique n'apparaissait qu'au jour du concert. Du « vrai » concert, avec orchestre, ou un virtuose, sièges tapissés de rouge, du monde au balcon. Certains disent la jeune fille de la maison je dis la petite.

Elle n’est pas réelle.

Un fantôme échevelé de film coréen.

(En ce temps là c’était les cheveux qu’on attachait ― ah oui ? mieux vaut entendre ça que d’être sourde ! dit au maître Marguerite.)

Au fumoir.
Foule.
La petite à l’écran.

Jouis, jouis mon enfant ! Jouis de te voir si belle en ce miroir. Les Yeux de son Maître. L’envers de la petite musique puritaine, audiAble encore dans le frou-frou vocalisé des commissions d’épouses de sénateurs, l’indignation parentale. (Qui fait vendre.)
Note sa caducité ne saurait être sérieusement déplorée, sauf à s’inscrire à la Jane Austen Society pour s’émouvoir de ce qu’on aperçoit les organes génitaux du porcelet qui traverse un corps de ferme à l’arrière plan d’une scène de l’énième adaptation de Orgueil et préjugés.
Parents soyez tranquille : il n’est de CONTENUS qu’implicites.

Eh bien ! qui es-tu ? Une partie de cette force qui tantôt veut le mal et tantôt fait le bien. Tu es leur/notre châtiment.

Ton orgasme overdub vraie symphonie du Nouveau Monde, où par ricochet les désirs les plus naturels ne peuvent s’exprimer qu’à travers un déchaînement d’obscénité inouï :
« C’est là que réside le péché impardonnable de Tannhäuser : non du fait qu’il s’est engagé dans une sexualité libre, un peu légère (dans ce cas le sévère châtiment aurait été ridicule et exagéré), mais parce qu’il a élevé la sexualité, le désir sexuel, au niveau de l’Absolu, en en faisant l’envers essentiel du sacré― »

…

 

Manichéisme.

Le Sacre du Spring Break.