mercredi 31 décembre 2008

NORD - Premier de l'An aNTIDATé

Au moment d'ajouter à notre liste de liens celui vers le BLOG des éditions aNTIDATA, j'avais confié aux intéressés mon intention de rédiger un post spécial afin d'annoncer sa création --- cette nouvelle métamorphose d'un collectif éditorial aussi créatif sur le net que pour leurs publications "papier" méritant, en soi, d'être signalée. J'aurais aujourd'hui d'autant moins d'excuses à manquer à ma parole que vient de paraître sur ledit blog un de nos récents textes, moins expérimental que d'autres, mais qui aborde par ailleurs de façon plus "frontale" un sujet, on va dire, politique:

La ballade de Lubja

(Traiter de l'immigration et du "problème des sans papiers" mais hors du contexte français, à partir d'une expérience personnelle - la mienne, en l'occurrence: le personnage est quelqu'un que j'ai connu - et le plus simplement possible, nous a en effet paru intéressant puisqu'on nous proposait comme thème de travail la république.)

C'est la seconde fois que nous collaborons avec aNTIDATA. Nous avions ainsi déjà contribué au dernier numéro de leur ancienne revue en ligne, via une toute petite nouvelle intitulée mICROMEGAS-lab, Celle-ci a marqué le retour de notre personnage fétiche du Pillage (sur le site STASE), le Grand Président Illuminev, et elle a pour objet un bizarre réveillon du Jour de l'An. Donc c'est le moment ou jamais de la lire ou la relire...

(Et, à propos, bon début d'année à tous - pour la suite, qui vivra verra!)

fm

lundi 29 décembre 2008

SUD - Blonde

Le segment callipyge moulé dans une jupe droite de soie noire coupée sous le genou fait de sérieuses embardées autour de l’axe qui relie les escarpins au chapeau. Le chapeau : un bibi à voilette qui laisse voir la blondeur artificielle, la pâleur du teint et les yeux charbonneux à travers la résille piquée de mouches. Le visage est comme posé sur le boa en plumes anthracite. La bouche a la forme et la couleur du sofa de Mae West. Elle avance, blonde et fatale, sur le quai du train. Ohé ! La main charnue comme celles des bébés agite au-dessus de la tête ses doigts aux ongles laqués rouge.
- Mademoiselle oh mademoiselle attendez ! Vous êtes, vous êtes Ma Ma Ma
- Evidemment mon chou ! C’est moi qui ai le vagin !

SUD - En passant...

Un décolleté rouge siècle
permet de disculper l'élégance

samedi 27 décembre 2008

SUD - Leftover

Paperasse...
A bout de faire semblant
Je range mon bureau
pour tromper l’ennui
et moi
Entre deux tas de trucs et de machins
Buster Keaton grimpe au mur d’un ticket de cinéma
au dos "Reviens-moi"
décidément je ne trompe personne

Je tournique dans ma cyclothimie.
Un coup spleeneuse - l’oeil vague chialant noir estampillé Bourgeois -
un coup la rage : un muscle
tétanisé gorgé de sang
souffle court d’adrénaline
le ventre affamé
qui pourrait avaler n’importe quoi
n’importe qui.
Pas d’idées. Quoi faire avec ?
Du désir sans objet. C’est la chair qui parle.
Je m’ennuie...

« Miss Dalloway dit qu'elle s'occuperait elle-même des fleurs. »

samedi 20 décembre 2008

NORD - La vie des bêtes, suite: Qui êtes-vous, Olive Oï?

Puisque ce sont les Fêtes de fin d'année, et tout et tout, sacrifions à la tradition et laissons bosser les autres, histoire d'hiberner tranquille. CQFD, ce deuxième post consécutif concernant le blog ami La vie des bêtes dessinée à la souris, où l'horoscopitone du 21 décembre est dû à notre chère Olive Oï.

Non contente d'avoir été nommée (par nous-mêmes, comme le veut l'usage) ministre plénipotentiaire chargée de l'audiovisuel des Mutants Anachroniques, Olive, qui est très joueuse, aime s'amuser à composer plein de petits poèmes bizarres à partir de divers outils qu'on dira "standardisés": un logiciel de traduction, un kit de pseudo "écriture automatique" acheté dans une boutique de gadgets à coloration vaguement culturelle... La question est alors - elle ne la pose pas mais je le fais à sa place -: la puissance industrielle mise au service, non de vos sols, mais d'un effort conscient de création, cela doit-il nécessairement donner un résultat absolument standardisé et impersonnel? Une poésie manufacturée?

Mais, encore une fois, Olive je crois bien qu'elle s'en balance.
C'est juste une fille comme toi et moi. Enfin, je crois, plutôt comme toi...

(Les petites vidéos des Mutants auxquelles participe Olive Oï seront en ligne au début de l'année pour la première, avant le printemps pour la seconde. Quant à moi je vais me coucher. A bientôt.)

F.

lundi 15 décembre 2008

NORD - La vie des bêtes dessinée à la souris

Nous avons enfin ajouté à notre blog une liste de liens, ce qui est la moindre des choses puisque plusieurs des personnes ou entités concernées nous avaient déjà "linckés". J'en profite pour signaler ici ma récente et modeste participation au dernier blog en date créé par CAROLINE HAZARD (officiellement consacrée "légende vivante de la blogosphère" par l'éminent Igor Tourgueniev), LA VIE DES BÊTES DESSINéE A LA SOURIS. Il y est expliqué ce qu'est au juste un HOROSCOPITONE, aussi je vous laisse le découvrir par vous-même. Quant à mon horoscopitone à moi, s'il est désormais périmé astrologiquement parlant, j'espère grâce à lui avoir un peu contribué à la réhabilitation de l'art aujourd'hui presque éteint de la décalcomanie!

F.

vendredi 21 novembre 2008

NORD SUD - Portrait de FM en poète persan ou De l’obsession de faire connaître Le Pillage et de se laver les mains

Rassembler la documentation nécessaire, tâche ingrate à l’extrême mais relativement aisée pour moi qui fut sa sœur.

Il eut bien tôt assez de son état et de la mesquinerie de son milieu. Dont point n’était exempt. Fils d’un scribe aisé, mais se sentant demeuré paysan parmi des condisciples tout frais descendus des jardins de Babylone, encore jeune poète, il avait écrit jaloux :
(...)
Gentilshommes de la Cour, de la Suite et de la Cornette,
Qu’ils les faussent, les ouvrent, les escartent !
Et passent par le mitan,
Et font halte après,
Et se retirent froidement !

Pourtant il savait ne pas pouvoir passer toute sa vie à respirer les aisselles épilées des filles aux concerts — « Non tu ne peux pas t’asseoir sur mon lit juste en sortant du métro c’est plein de microbes bordel ! Ou alors t’enlèves ton jean—* » Comment laisser les choses en l’état ? « J’avais envie de baiser tout ce qui bouge et sans doute les cadavres aussi. Tu l’as sur toi le désinfectant pour les mains ? »

Les pénibles vicissitudes de son existence, pour une bonne part, il en fut seul responsable. Il semble que la première rédaction du Pillage ait été achevée dès 2001. 666 pages tapuscrites sur un rouleau unique. Fermer à double tour la serrure principale, les 2 verrous. Replacer la clé dans la serrure principale pour vérifier qu’elle est bien fermée. Fermer ouvrir ouvrir fermer. Tour de clé à gauche, un autre à droite. Tirer sur la poignée à s’en faire blanchir les phalanges. Oui c’est bien fermé. Il descend alors chercher du pain. Pendant ce laps de temps, un ami calligraphia l’ouvrage en 7 volumes, un autre se proposa pour le réciter. En effet, l’époque voulait que toute œuvre nouvelle fût présentée au Prince, au moins aux gens du bureau — Au fait, est-ce que j’ai bien fermé la porte ?

Pour lui le bureau — où mon rôle de valet Matti éprouve mes yeux et mon tempérament — était une chose aussi énigmatique, aussi digne d’admiration que l’est une locomotive pour un petit enfant. Lorsqu’il y parvint, la roue du sort avait tournée : un nouveau ministre, animé de toutes autres dispositions, se trouvait en place. Appliqué à faire de sa cour de Boukhara le centre d’un nouveau mouvement. On ne sait si notre poète, fouailleur de vieilles chroniques, s’y reconnaissait, plus qu’il n’avait pu se reconnaître dans les précédentes rénovations. Peut-être, d’ailleurs, n’était-ce guère souhaitable : tant lui était difficile d’apprécier à sa juste valeur une chose suspecte d’offrir, à quelque niveau que ce fût, la moindre ressemblance ou analogie avec cette personne qu’entres toutes il exécrait. Non pas le prince — le ministre encore moins : LUI. Hochant la tête d’un guichet à l’autre pour finir par arriver jusqu’au bon, désemparé, se balançant d’un pied sur l’autre et se demandant que faire, il triompha de l’épreuve en exhumant le nom d’une bataille oubliée. Parvint à présenter le livre à Mahmoud, mais celui-ci n’y prêta guère attention. Il décida de chercher fortune ailleurs — Qu’est-ce que j’ai fait de ce putain de désinfectant ? — Et reprit alors le chemin du Khorasan.

Il croyait y pouvoir compter sur l’appui du grand vizir. Entrer, présenter l’œuvre, prendre sa monnaie, découvrir qu’on lui avait donné un écu de trop (êtes-vous déjà entré avec lui dans un bureau de poste ?) Y contractant peut être une maladie, incapable de dénouer autrement l’équivoque, réelle ou imaginaire — Merde où sont les toilettes ! Il faut que j’aille me laver les mains… — Arrivé en bas, à la dernière marche, il s’aperçut qu’en fait, l’écu qu’il avait rendu lui appartenait. À bout de force, littéralement assailli par une lumière blanche et tremblante, le monde était et reste une énigme pour lui. Un secret mystique. Il pensa remonter, réclamer la piécette, puis craint de déranger pour si peu, s’en serait voulu de passer pour pingre. De crainte de la colère du vizir, finalement il s’enfuit.

Ispahan, ville aux environs de laquelle il faillit périr noyé — à cause de l’état d’esprit ou plutôt de nerfs dans lequel je ne m’étais pas trouvé, — il s’en éloigna lentement, comptant et recomptant encore. Il décida un ultime voyage pour présenter le Pillage — satire qui ridiculisait de puissants voisins, tel de la neige ou du sable envahissant les maisons d’Elista — à Chahryar, émir des côtes caspiennes.

En chemin, il s’arrêta aux bains publics pour se laver les mains, et se fit servir un verre de bière, privé de tout appui. Non il n’a pas pu dire au directeur auquel il vouait une admiration éperdue (sérieux !) parce qu’il tapait si vite sur son PC, gris au milieu des plaines venteuses : J’ai toujours eu la tête pour la diplomatie, mais pas les nerfs. Le manuscrit, il n’en était toujours pas satisfait. Pas le directeur. Lui. Mentir, mentir au directeur ? Non impossible. « Si tu avais senti sa main au contact de la tienne tu l’aurais retirée. Un rôle qui ne me serait pas si pénible si je n’appréciais ni respectais autant… » — Alors laisse tomber lui dis-je. Nul besoin de nourrir de grandes illusions sur ton charme pour en être un rien troublé. « — Comment ça laisse tomber !?? » Et ce manège se répétait dans chaque magasin, chaque restaurant, chaque cour. Sans parler des incessants remaniements de notre œuvre commune, qui n’était jamais présentée que dans des mises en scènes grandioses, complexes machineries à tout moment susceptibles de pannes, ses divers éléments dispersés à dessein au gré de labyrinthes baroques, engendrant sans cesse de nouvelles significations qui se perdaient dans le vent de la fête. L’inutilité de l’effort provoque un sarcasme amer. « Par la barbe du prophète, tu n’es qu’un putain de Kafka ! » braillai-je une fois dans le combiné. Par malheur, le trône des Samanides croulait déjà.

Finalement de retour, il eût bien tôt assez de son état et de la mesquinerie du milieu : « De moyens et de grades point, comme aucun de mes compagnons… qu’aujourd’huy je les vois advancez comme potirons et fort aggrandis. » Du fond du cœur, la plupart des gens qu’il se forçait à côtoyer, ça lui faisait du mal. Souffrance qui disait-il aurait été bien moindre s’il n’avait apprécié, s’il n’avait respecté autant, et cetera, et cetera. Lui qui savait ne pas pouvoir passer toute sa vie à respirer les aisselles épilées des filles aux concerts ! — « Quand tu en vois une qui n’a même pas 25 ans venir t’expliquer à toi combien elle est pétée, mais alors à quel point… » — Toujours ce gimmick hors de sa portée auquel il vouait, naïf la plus haute estime. En dehors du temps effectivement passé à écrire, me confiait-il dans une de ses lettres, je me sens écrasé et indigne.

Un matin, les mulets paissaient dans l’herbe haute des rives. Il s’avança jusqu’à la rivière pour s’y purifier les mains. Puis, avant de lui dédier le Pillage, qu’il passa quelque temps à polir encore, il rompit alors toute relation avec le vizir et enfin, il vint au monde.


* Les passages en italiques reproduisent divers propos saisis sur le vif, ou bribes de confessions de FM, par moi recueillies.

Autres sources :
Milena, Margaret Buber Neumann — Mémoires du seigneur de Brantôme — Les vies de Firdûsî et de Dietrich Grabbe, in Le Dictionnaire des auteurs, de Valentino Bompiani, Robert Laffont — La Mort en Perse, Annemarie Schwarzenbach.

vendredi 7 novembre 2008

SUD - Pariscope

Dans la rue
toutes les jeunes filles
tiennent leur sac comme Kate Moss
qui tient son sac comme Grace Kelly
qui tient son sac comme la reine d'Angleterre
qui tient son sac comme une vieille conne.

samedi 1 novembre 2008

NORD - Visitation parisienne

Sœur Emmanuelle nous a laissé un peu de sa lumière pour éclairer les jours sombres.

mardi 21 octobre 2008

SUD - Lettre à l'amant imaginaire

Une fois n'est pas coutume, je vous écris le matin. Il se trouve que je suis à la maison car j'ai attrapé une maladie passée de mode depuis de 2 siècles. Décidément je suis vraiment une fille d'un autre temps. Donc j'ai les poumons en feu, chaque respiration produit le son d'un moteur de voiture et je crache du sang. C'est terriblement éprouvant mais follement exotique, un peu comme si avaient poussés autour de moi des paravents chinois, des tentures de soie brodées de minuscules fleurs blanches de cerisiers, je m'attends à ce que Monsieur Swann sonne à l'instant même ou peut être Monsieur de Lamartine. J'enverrai Olympia ouvrir, c'est ma femme de chambre, une mulâtresse d'une beauté quasi inconvenante pour sa position. J'aime la fièvre et son cortège de fantasmes. Soudain je comprends mieux pourquoi Michaux a passé sa vie enfiévré avec des baobabs qui poussaient dans son lit et tout un bestiaire rampant sur les murs de sa chambre crasseuse.

Je suis seule avec des livres de Gabrielle Wittkop. Il y a pire comme compagnie et je ne pourrais d’ailleurs pas prétendre à mieux. La phtisie est une maladie de solitaire. Parler nécessite un effort si démesuré que ce serait folie de s’y employer pour satisfaire à la seule futilité de ma conversation. Un amant serait aussi bien inutile qui se laisserait par bonté secouer par ces quintes de toux abominables, puis se lasserait ; m’obligeant à quitter l’étreinte condescendante de ses bras pour aller cracher ces mucosités rouges de sang et gluantes. J’ai réprouvé la fureur instinctive que j’avais de les toucher. Tenir entre le pouce et le majeur ces petits agrégats carmin et poisseux. Un plaisir tactile comme les enfants en ont, toujours à vouloir mettre la main dans leur assiette de pâtes, à gratter la terre, à presser un lombric entre leurs doigts pour en faire jaillir la pulpe.

Pendant l’accalmie qui étire l’espace entre deux crises, mes forces ne me permettraient pas non plus de gouter aux plaisirs sensuels. Pas comme l’une ces maladies dite honteuses mais pas trop grave qui vous ferait par jeu envoyer votre amant le nez entre vos cuisses pour vous badigeonner les lèvres et qui s’étonne de leur roseur, de la fraîcheur inattendue de leur parfum en pareille circonstance, si ce n’était ce petit renflement là, aïe, vous gémissez et tortillez les fesses quand il y pose le doigt, et qui, trouvant le badigeon bien triste, préfère y glisser la langue, puis le doigt et bientôt le sexe tout entier qui vous fait hurler de douleur puis de plaisir jusqu’à ce que vous ne puissiez plus les distinguer l’un de l’autre. Quand c’est fini, c’est autre chose. Une carotte de fer chauffée à blanc empalée dans votre ventre des larmes vous viennent aux yeux. Vous urinez sous l’eau froide pour noyer l’acidité. Il fait une moue enfantine et vous passe la main sur la joue. ça va ? Vous dites que oui, vous dites que vous payez cher ces quelques instants de volupté et que maintenant c’est malin, vous êtes intouchable pendant dix jours alors que si on avait été sage en quatre ou cinq jours c’était réglé. Il continue de sourire parce qu’il sait bien que vous ne le priverez pas de caresses pendant si longtemps, que vos doigts et votre langue et votre bouche tapissée de soie humide engloutiront à nouveau avec délice son sexe dur tendu vers votre nez, ses bourses effleurant vos seins qu’il aura dégagés de leur prison de dentelle blanche pour en pincer le bout. Il vous vient alors à l’esprit qu’il a fait exprès de vous casser pour mieux vous faire marcher autrement.
Mais je vous disais donc que rien de tout cela n’est envisageable dans mon état. Encore ai-je la chance que mes capacités physiques que permettent à nouveau de lire. J’en étais bien incapable hier encore.
J’attends de vos nouvelles. Cette nuit peut être ? Ne me laissez pas languir trop longtemps !
Je vous aime, je vous désire, je vous attends.

Votre E.

jeudi 9 octobre 2008

NORD SUD - Life is SOAP – Don’t you bend over to pick it up*








ÉPISODE 1 : Escapade.

Le lendemain de la lecture à laquelle les avait conviés à participer une écrivaine de renom dans le cadre de « la Galerie » (cf. saison 2, dernier épisode : La Nuit des toucheurs de bras), Emma prend congé de Frédéric et part le jour même en vacances en Europe centrale, seule sans son mari…


ÉPISODE 2 : Le gardien de mon frère.

Frédéric commence déjà à se plaindre de son nouvel emploi. Au cours d’un dîner son frère, Laurent, lui annonce sa décision de se présenter sur une liste aux prochaines élections…


ÉPISODE 3 : La crise.

Frédéric a de nouveau des inquiétudes au sujet de ses yeux. Sa compagne, Olive, déjà assaillie de doutes concernant sa carrière, se voit renvoyer une de ses traductions qui avait pourtant été acceptée par l’éditeur. En la relisant Olive s’aperçoit, confuse, qu’elle est pleine de coquilles…


ÉPISODE 4 : Incertitudes et trahisons.

Les Mutants Anachroniques décident de tourner une vidéo… mais qui choisir pour la réaliser ? Par ailleurs c’est au tour de Laurent, le frère de Frédéric, d’avoir une désagréable surprise : le soir de la victoire à l’élection, son nom a disparu de la liste des futurs délégués…


ÉPISODE 5 : Merci la vie.

Rudy, le graphiste du site des Mutants, est renversé par une voiture. Amputé des deux jambes, il demeure en soins intensifs où il reçoit la visite surprise d’une ex-star du X devenue écrivain…


ÉPISODE 6 : Série noire.

Olive, dont une autre amie a également été victime de l’accident, est bouleversée, mais son moral subit un nouveau choc quand elle apprend que son oncle JP est mourant…


ÉPISODE 7 : Comme un feuilleton brésilien.

Emma, qui a repris contact avec Alena, la « fiancée radioactive » du Grand Pillage, est rejointe dans le sud par Frédéric, venu régler les détails de la création de leur blog. Le soir, alors que son mari et les autres invités sont partis se coucher après une soirée trop arrosée, elle flirte avec lui dans le jardin…


ÉPISODE 8 : Fiction et réalité.

Dans le train qui le ramène à Paris, Frédéric prend la décision d’avoir dès son retour une conversation sérieuse avec Olive concernant les implications et les dangers de la pratique artistique…


ÉPISODE 9 : L’anniversaire.

C’est l’anniversaire d’Olive. A cette occasion Frédéric lui fait cadeau d’une robe conçue sur mesure par une styliste berlinoise rencontrée à « la Galerie ». Emma, dont le propre anniversaire est imminent, se plaint de la solitude et entame la rédaction d’un roman…


ÉPISODE 10 : Olive et Fred se mettent au vert.

Olive et Frédéric, anxieux de retrouver un peu de calme et de sérénité malgré l’accident de Rudy et la maladie de JP, partent à la campagne rejoindre des amis. Mais ces derniers ont des enfants…


ÉPISODE 11 : Affaires de famille.

Avant même le retour à Paris, Olive a appris le décès de son oncle. Tandis qu’elle se rend aux obsèques en province, Frédéric apprend d’Emma que celle-ci possède un amant imaginaire…


ÉPISODE 12 : Borderline

Emma, qui ne supporte plus que les clients lui parlent comme à la caissière de Shopi, s’apprête à faire sauter sa librairie quand un orage tropical éclate et détrempe tous ses bâtons de dynamite. Elle contracte une infection et se réveille la nuit suivante incapable de respirer. Bientôt, elle s’aperçoit qu’elle crache du sang…



(À SUIVRE…)





* Traduire ce titre (comme le veut la loi pour les annonces publicitaires) ne ferait qu’en souligner un peu plus le total mauvais goût. Si vous êtes de l’avis que c’est ce texte dans son ensemble qui est d’un total mauvais goût, vous pouvez vous reporter à : THE DISCLAIMER --- (< disclaimer > /dis-klaiy-m*r/ n. m. « Dégagement de responsabilité ». Petit texte de droit au début d'un manuel d'utilisation où l'auteur d’un logiciel décline toute responsabilité face aux dégâts que pourrait causer l'utilisation de sa production. En plus de cette définition donnée par « Le jargon français » (sic) et propre au domaine informatique, on ajoutera que le terme est également employé pour certains messages de maisons de productions (disques, DVD) concernant des contenus pouvant choquer – ou, de plus en plus, simplement nuire à l’image de la société.)

lundi 22 septembre 2008

NORD SUD - Hieronymus Bosch Le jardin des délices – histoire d’un plagiat

Ils arrivèrent enfin au rayon des surgelés.
« Cet enfoiré m’accuse d’avoir pompé Dali !
— Dali n’était pas pédé. Ton mec est mal renseigné.
— Non mais je veux dire plagié ducon pas… »
Tous les vieux gags défunts rajeunissaient, ressuscitaient et se remettaient en circulation.
« C’est parfaitement impossible, il est né 400 ans après toi !
— Apparemment c’est un argument qui ne tient pas. Sinon je ne serais pas là pour m’en plaindre. Il semblerait, comment dire, que le temps n’est pas ce truc linéaire que l’on croit et…
Le temps pèse sur l’hybride qui ignore l’âge d’or, braillaient les haut-parleurs au-dessus des rayons. Le caddie est la forteresse mobile du combat, et la vie un parcours à handicap barré d’imprenables bunkers dès avant le huitième trou.
« Si tu veux mon avis, ce qu’ils veulent, c’est faire un coup. Racheter le triptyque à Drouot pour une bouchée de pain puis te réhabiliter et toucher tous les royalties des repros ! Bouquins d’art, posters, tee-shirts, cartes postales, fonds d’écran etc.
— La diffusion universelle de mon œuvre… »

Des gémellations indiscernables, une limace se liquéfiant moitié porc et moitié âne tentaient de s’extirper des congélateurs allée 5. Les artères reliées sur des niveaux multiples — parfois souterrains — suspendues autour d’un vide central, palpitaient de lumières crues et de convoitises béates. Hieronymus examina chacune d’elle comme si ce ciel de polyuréthane ne demandait qu’à s’ouvrir pour lui.

« La foule a exercé son pouvoir suggestif ! Après avoir été tout : philosophe, homme, femme, Roi, sujet, poisson, cheval, grenouille, et je crois même éponge, te voilà dans le grand cauchemar climatisé.
— C’est ça partons, je tremble de froid. »


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Les riches clients du Plazza Athénée se gargarisaient de la nouvelle dans le salon safran assorti de la traditionnelle présence d’eau, de végétation ainsi que d’une lumière californienne éclaboussant les murs à la faveur du va-et-vient des têtes peroxydées, et que n’arrivaient pas à troubler les ultimes diablotins engendrés par l’inconscient collectif du XVe siècle. Les béances de jeunes duchesses diaphanes, siamoises par la langue, luisaient de convoitise. Le procès s’ouvrait le lendemain.
« Résidence Hilton bonsoir. »
Des boursouflures roses bonbon s’érigent au-dessus du spa où fondent ces amants qui veulent l’enfer. Une tour est en construction, on y travaille fiévreusement, car il faudra être prêt pour accueillir la foule qui ne manquera pas de s'y présenter.
— Mildred ? Passez-moi mon père immédiatement. »
Des cliquetis de souris en talons aiguille s’éloignent, suggérant une déraisonnable surface de parquet verni à la mode Venice-ienne.
« Papa ? Il a totalement disparu, je crois qu’il est mort. »

Cette fille avait déjà cette capacité d’analyse à l’époque de son adolescence. Les lettres qu’elle écrivait en sont un témoignage incontestable :
C’est ma soirée et je pleure si je veux !

D’une lance précieuse, l’Ange effleurait des femmes prosternées, de profil. Les coups de rameaux d’olivier striaient de mauve et d’incarnat la cellulite jugulée dans des strings à 300 dollars pièce.
« Allo ? Allo ? »
Ahanant dans la forêt de soie et d’ambre, le juge (combinant les ressources d’un éclaireur de la Frontière avec la résistance d’un astronaute) cachait le complot sous les fresques merveilleuses. Ce déploiement de bleus et de verts presque printaniers, ces roses muqueuses tendues vers la coupole telles des trompettes sur de bleus abcès, formaient colonne dorsale d’une sorte de triptyque. Il les examinait avec la méfiance et le caractère soupçonneux dont il faisait preuve dans l’exercice de sa profession. Paumes et bouches au sol se crispaient, bras épais de sang, parodie de gestes quotidiens.


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Dans le box, l’accusé aurait aimé s’envoler comme un char mythologique au milieu d’un nuage, leur échapper avec un bruit aérien tout particulier de gelato.
« Accusé levez vous, jurez-vous etc. etc. etc.
— Je voulais juste me taper ce poisson c’est tout ! Vous allez pas en faire un drame quoi !
— Vous étiez sur le point de rompre la chaîne du froid.
Regardez le mec juste au-dessus de moi ce qu’il fait à l’oiseau !
— Un baiser.
— Un baiser mon cul ! grommela-t-il entre ses gencives râpées, le goût du sang séché sur la langue.
— Si l’avocat du plaignant veut bien s’avancer. »

Verdâtre, il s’avança coulissant lentement sur l’escalier mécanique de son sourire, tenant dans sa gueule une tête humaine comme présage de la sanction à venir. Il s’ébroua, cruel comme un destin à la Hitchcock :
« Mon client Crystal Réfrigération propose un arrangement amiable : 100 000 euros de dommages et intérêts et il arrête les poursuites. Ces 100 000 euros rachèteraient son image ternie par ce regrettable incident en finançant une campagne de soutien pour la PETA.
Ils recherchaient tout ce qui peut guérir et fortifier les corps, les étrangetés vraies voisinant avec les étrangetés de l’ajout. On y regardait passer ses organes internes, désormais purgés.

« Mais je suis, je n’ai rien, je n’ai même pas une feuille de vigne, nulle lance précieuse … Père pourquoi m’as-tu abandonné ?
— Un paradis où l’on ne possède rien ne saurait être Le paradis ! »


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« Donc j’ai été chassé du Louvre avec perte et fracas. Il n’est déjà pas bien vu de réellement discerner les faux, mais ça l’est encore moins de savoir, comme moi, que les faux sont parfois meilleurs que les vrais. Les conflits déchirent l’œil. J’ai passé les mois suivants avec dessus un vrai bandeau de pirate, ce qui ne le fait pas trop dans ma profession. Quand j’étais enfant ma famille était, disons, assez à l’aise. Moi, d’une certaine manière, je rêvais d’être pauvre. L’étant finalement devenu, plus ou moins, j’ai commencé à désirer ces satisfactions mêmes que j’avais jusque là condamnées comme factices et frelatées. La vraie richesse, que je n’avais au fond jamais connue, me fascinait désormais. Je lisais dans les magazines les frasques de l’héritière blondasse gourdasse à cou de girafe digne du Parmesan, et qui, à l’inverse des pauvres petites filles riches d’Andy Warhol, avait la décence de ne pas nous demander de pleurer sur son sort. La villa californienne avec piscine et jacuzzi, le yacht, le club privé du rappeur maquereau, je laissais désormais à des plus fortunés que moi le privilège de les dédaigner au nom de l’authenticité. Cette introuvable authenticité, désormais, je n’y croyais pas plus qu’aux vertus libératrices du yoga ou à l’âge d’Or, notre pseudo paradis perdu d’avant la Consommation. Mon œil une fois guéri, paradoxalement, ma principale activité a consisté à regarder à la télé ces émissions où de répugnants étudiants américains passent quatre semaines à Cancun ou en Floride à se vautrer dans les orgies les plus abjectes, ou ces concours de tee-shirts mouillés devant un parterre d’Anglais adipeux à Ibiza, sur fond de trance M6. Même le confort d’un salon d’hôtel de deuxième classe en faux style edwardien était devenu pour moi un luxe qui me faisait rêver. C’est un paradoxe élémentaire, que dans un monde factice, celui qui recherche l’authentique doive en fait rechercher le factice — seule véritable expérience vécue. C’est de ne l’avoir pas compris qui a fait que je n’ai jamais pu devenir l’artiste que j’aurais voulu être, et que j’en suis où j’en suis. J’y pense le soir, sur les ponts de Paris, en regardant passer les bateaux mouches d’où sort un brouet R&B, cloisons en style acajou, similicuir et ombres caramel s’agitant derrière le verre fumé. Je voudrais partager les plaisirs médiocres de ces gens médiocres, aujourd’hui encore je ne partage que leurs désirs. Je suppose que c’est de ma faute, que pour un rêveur, un tiens ne vaudra jamais deux tu l’auras. Enfin bon, pour répondre à votre question, évidement le tableau est postérieur. Comment expliqueriez-vous, sinon, que les soi-disant délices du soi-disant jardin fleurissent ainsi sur un green de golf ?

— Alors c’est bien vous, l’expert…
— C’est c’lui qui l’dit qui l’est. »


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Sous une cloche imitation verre… près d’une maxi bouilloire… haie hawaïenne, un paillis de vert et de beige… On y trouve à la fois le viol, le meurtre, la mutilation et, pour finir, le cannibalisme… Gueule d’un gros animal à l’espèce indéterminée, passerelles et kiosques, des échelles de feu traversant le ciel. Cette enveloppe abrite en fait un programme très utilitaire : l’appareil dentaire d’une jeune fille.


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« En matière de sexualité, ce n’est pas l’état de droit qui nous gouverne mais la morale dominante. Il existe un bon plaisir. Le sadomasochisme n’en fait pas partie ! » scandait l’avocate, également militante des droits de l’homme, devant le tribunal.
(L’être aimé, doué d’une grande souplesse, ou contraint de se prêter aux tors comme un Gaston latex — là est la question, posée par le tableau et qui plus tard sera reformulée, cette fois de façon littérale, à travers ces photos japonaises bondage exposées au centre Pompidou. Du moins serait-ce la question s’il s’agissait d’un point de droit, ce qui n’est pas le cas, ainsi qu’il vient de vous être expliqué. Il faut suivre, voilà tout.)

Le quidam, second de la journée, fut poussé dans le box.

« Les violences (…) n’ayant entraîné aucune incapacité de travail sont punies de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende lorsqu’elles sont commises (…) sur le conjoint.
— Elle était consentante ! »
— Ce n’est pas le principe de légalité selon lequel on ne peut être condamné pénalement qu’en vertu d’un texte pénal précis et clair, mais la valeur morale attribuée au sadomasochisme qui nous empêche de fouetter notre partenaire s’il nous le demande. »
Vous aurez bien sûr noté le jeu de mots sur le bon plaisir. La Loi n’est pas le Bon Plaisir. Il faut s’y soumettre, et si vous vouliez être (demeurer) du bon côté de la barrière (ou du manche) vous n’aviez qu’à vous démettre (une épaule) en la/le flagellant
« Et la liberté individuelle et le respect de la vie privée !?
— Je suis juge. Je sais mieux ce qui est bien pour vous. Certes la pornographie est devenue populaire, comme le bronzage ou les vacances au ski. L’innovation n’est certes pas réservée à la contre-culture sexuelle, elle se joue aussi dans la conjugalité mais enfin vous avez entendu la demoiselle, il existe un bon plaisir. Ecoutez mon vieux, entre nous, je ne crache pas sur une petite baise de temps à autre mais faut savoir où sont les limites. »

Loser.

Pensant à lui-même. Entendant des voix.

Nos hommes savent.
Nos hommes savent que nous ne sommes pas comme ces filles aux ventres nus et au sexe froid. Nous sommes comme un volcan.
Comme un pied bandé de Chinoise.
« Le jardin des délices il faut y tendre de toutes tes forces mais ne jamais y entrer » chuchotaient les houris desséchées tournoyant dans leurs voiles sur la gravure du ciel. Et comme au premier des procès, l’on ne fit comparaître que le fils et jamais on ne vit le père.

jeudi 18 septembre 2008

NORD SUD - Cuisine interne

Notre ambition, au sein des Mutants Anachroniques, était, à l’origine, d’appliquer à la littérature divers principes d’expérimentation empruntés aux musiques électroniques : échantillonnage (le titre de travail du Grand Pillage était à l’origine : Sampler litt.) ou encore remix. Ces techniques, qui n’étaient certes pas sans précédent en littérature, se sont considérablement répandues entre nos premières tentatives (1998) et le moment où nous sommes « sortis de notre cave », voici trois ans, avec la fondation du site STASE, prolongement logique d’une démarche dérivée de pratiques artistiques largement tributaires des nouvelles technologies. Parodier ou détourner, citer ou recycler, rassembler des matériaux pour un Cut-up constituent autant de façons différentes d’user et abuser des mots des autres, qui peuvent même être un moyen de raconter sa propre vie. Aucune de ces démarches ne nous est étrangère. Une constante, cependant : depuis le tout début nous avons mis un point d’honneur à toujours CITER NOS SOURCES. À cet effet, nous prévoyons de créer sur le blog un lien permanent, sachant qu’en tout état de cause nous ne désirons pas parasiter les textes eux-mêmes par l’ajout d’indications de ce type. Sauf que nous avons commencé à « poster » sur ledit blog fin juin, donc il y a déjà environ trois mois… Il ne parait donc pas inutile, en attendant mieux, de donner dès aujourd’hui à ceux qui ont pu lire ces premiers textes un aperçu de notre CUISINE INTERNE — pour paraphraser l’intitulé du blog de Nina Yargekov, dont le roman doit sortir chez POL en février 2009 — en retraçant l’origine de nos divers emprunts et (on y revient toujours) pillages.

1er juillet : Pluie.
En fait la seule entrée de juin ne contenait pas de texte, juste une photo. Quant à celle-là, ça commence bien, pas moyen de se souvenir s’il y a eu un quelconque recyclage. Peut-être une ou deux bribes de phrases dans le dernier paragraphe ? Ça nous apprendra ! D’un autre côté il s’agit essentiellement d’un écrit qui mêle des écrits antérieurs, un auto-recyclage…

2 juillet : (sans titre)
Une citation pure et simple. Tirée des Mutants du brouillard, des frères Strougatski. De la science-fiction soviétique. Ils ont entre autres écrit Stalker, que tout le monde connaît par le(s) film(s), mais celui-là est encore plus imbitable.

16 juillet : Autosuggestion.
Le titre est celui d’une chanson de Joy Division, dont nous avons mixé les paroles avec une lettre de Maupassant à une aspirante écrivain qui sollicitait ses conseils. On peut bien sûr aller beaucoup, beaucoup plus loin que nous ne l’avons fait ici dans la fusion de deux textes, même si différents en apparence. Mais ça n’est pas très important. Déplacer la proverbiale virgule suffit généralement déjà à altérer complètement le sens des fragments reproduits. La chanson est d’un optimisme presque délirant pour Ian Curtis (déjà présent dans le Grand Pillage, mais uniquement via l’utilisation détournée de plusieurs extraits du livre de sa femme, lequel, dès sa sortie en 1995, nous avait frappé par l’étrangeté et la force de ses images). Quant à la lettre, elle est moins misogyne qu’elle n’y parait quand on la lit avec assez d’attention. Le point du remix est, d’ailleurs, exclusivement féminin.

19 juillet : Autosuggestion-3.
Les sources « extérieures » restent les mêmes que pour les deux versions précédentes (la seconde, faiblarde, a été supprimée).

28 juillet : Le Système S2CR.
Sciences et Avenir, octobre 2007 — CV Magazine, hors-série 2, février 1998 (ça fait 10 ans qu’on tape dedans et c’est comme le Nutella, on ne s’en lasse jamais) — Propos de Trent Reznor, de Courtney Love, extraits d’articles tirés de (sources possibles, sinon avérées) : Starfix (même Fred avait 13 ans quand c’est paru), Les Inrockuptibles (ils sont moins drôles à détourner depuis qu’ils ont trouvé plus intello qu’eux), Rock&Folk, Rockmag (yeah !) — Blade Runner, pas le livre mais le film (1982, disponible chez Warner Bros Video), dialogue cité par : MK2-Trois Couleurs (novembre 2007).

7 août : Tomographie anachronique.
Nous prenons l’entière responsabilité de cette pensée sublime et puissante.

1er septembre : Rewind <> Fw.
Reprend les éléments de base du texte du 28 juillet.

11 septembre : 911 (‘till I come) : Enzeli.
Là c’est la honte totale ! Cette explosion énigmatique fait feu de tout bois, mais quant à retrouver d’où sortent ces morceaux de phrase déchiquetés… La genèse du texte remonte à la période qu’évoque Le Système S2CR — entre mai et novembre 2007 —, lorsque Fred travaillait onze heures par jours pour son bouquiniste balzacien, d’où le problème : avoir sous la main des monceaux de bouquins poussiéreux dont, entre deux clients, on griffonne des passages sur des bouts de papiers dégeu, c’est en un sens assez génial pour qui fait ce que nous faisons, mais ça exclut a priori toute rigueur dans l’archivage… L’inspiration de base pour la rédaction du truc a certes été fournie par les propres carnets de voyage d’Emma (en Iran), mais s’y sont ajouté des bribes de guides de voyage, d’ouvrages de spiritualité ou même traitant de l’art de la céramique. De tous ces ouvrages aux titres perdus, le plus marquant avait été publié pour célébrer l’édification, à l’initiative du Sha d’Iran, du très moderne et colossal nouveau bâtiment du sénat impérial, naturellement à sa botte. Entièrement traduit en français, c’était beau comme un catalogue de Beaubourg (sur le plan du style, s’entend, car l’objet était lui encore plus beau). Plus poétique, peut-être. Il en ressortait en outre que nous autres de la France étions au mieux avec ce grand démocrate de Rézha Sha. Enfin, ce n’était pas non plus tout à fait ce qu’on peut appeler une surprise… Dans un autre registre, « 9pm Till I Come » est un impérissable chef d’œuvre de ATB. Sur la pochette de l’album, l’ex-roi de la trance M6 pose devant son jet privé, sauf que même si ses fameuses initiales sont dessus on hésiterait à jurer qu’il est vraiment à lui, de même que l’hélicoptère au verso.

jeudi 11 septembre 2008

NORD+SUD - 911 (‘till I come) : Enzeli

La ville d’Enzeli, qui semble monter la garde à la pointe nord du pays face à l’inconnue slave ─ sa phonothèque s’est enrichie d’un nouveau document sonore : « La culotte ukrainienne, large comme la mer Noire ». Longtemps les Iraniens et les Russes s’unirent pour fournir au monde le caviar. Les pêcheries de Pahlevi étaient concédées aux Russes.

L’esturgeon se refuse à emprunter les portes qu’on lui a réservées, les Russes l’exécutent avec aisance, gaieté et fougue.

Le treizième jour, le monde entier est dehors :

alliance des nuages et de la pierre ─ devenue acier, devenue verre ─ quand l’effort s’enfonce dans la forme pour s’y cacher. Sois heureux dans le souffle------------------------L’élan du graphisme enlace l’œil et le caresse-----------------Voués à servir cette roue sous laquelle nous tournons, nous sommes les images qui passent. Le soleil est la lampe ; le monde, l’écran------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Lignes géométriques et corolles stylisées ─ Spirit blong bubu i kam bak
(Ce qui signifie : « L’esprit des ancêtres revient », en bislama du Vanuatu.)

lundi 1 septembre 2008

SUD - Rewind << Skip Intro >> Fw

Le désir est toujours là, la colère ne me quitte pas et pourtant, je fume toujours pas mal de shit, j’essaie de me calmer. Être adulte, c’est se remettre en cause : on se demande chaque jour si on a bien fait son travail. Au boulot et à la maison aussi. Finalement la vie de famille, c’est comme gérer une petite entreprise. Optimiser les achats, faire des listes, recruter la baby-sitter, veillez à ce que tout ce petit monde ait du linge propre. Faire disparaître poussière, toiles d’araignées, traces de gras. Gérer le stress et planquer l’ennui. Être de bonne humeur, faire des crêpes, trouver le sapin super cool. Pour être Adulte, il faut être bien dans sa tête, être très équilibré. Et aujourd’hui beaucoup de gens ont « un pet de travers ». J’imagine que j’en fais partie.
— À quand remonte le passage à l’âge adulte ?
— Au mois de septembre 2002. Le 3 exactement.

Tu as cassé ton portable. Perdu ta nouvelle adresse. Retrouvé la mienne. Nous sommes tombés d’accord sur le fait que nous étions devenus de vrais cons chacun de notre côté. La répétition semble favoriser cette désactivation. La nuit se délave gris sale comme un vieux jean noir. L’intuition me jette dehors pour échapper au spectacle. Un visage évanoui, une chaussure, un morceau de jambe. Des clopes fument toutes seules dans les cendriers. Le lecteur DVD a encore planté. En image fixe, Bowie blond platine chapeau et costume de lin blanc sort du Raffles Hôtel. La fin de soirée tourne en boucle depuis plus de 17 ans.

Je me suis rachetée une platine vinyle. En fait non, pour être précise, c’est lui qui me l’a offerte pour mon trente troisième anniversaire. Quand il veut être gentil il dorlote comme ça mon appétit pour le passé qui n’est même pas une quête du soi-disant paradis perdu de l’enfance. Car j’en suis sûre, je n’ai jamais été enfant. Ma mère n’avait pas la patience.
« Il faut que je te dise quelque chose. C’est pas facile. Tu as 5 ans, tu es intelligente et sensible. Je sais que tu peux m’écouter. Papa et moi, on va divorcer. Ça veut dire qu’on ne vivra plus ensemble. Mais il ne faut pas que tu sois triste. On continuera à vous aimer toi et ta sœur, on sera toujours vos parents. Mais voilà, on ne s’aime plus alors on a pensé que c’était mieux de se séparer plutôt que de continuer à se battre.
— Ah. »
Je me suis forcée à pleurer. J’ai senti que c’était ce que l’on attendait de moi. Mais en dedans je me suis dit super il se passe enfin quelque chose. Et c’est là que maman, croyant se blinder (comment expliquer une pareille absence de lucidité ? je me demande aujourd’hui si elle n’était pas feinte) s’est mise à me faire miroiter la vie la plus géniale que j’aurais pu imaginer :
« Vous irez chez papa un week-end sur deux. Il aura une nouvelle maison et il vous gâtera sûrement parce qu’il ne vous verra plus tous les jours. La vie ici te semblera moins belle parce que je ne pourrai pas en faire autant. Il va falloir que je me débrouille avec un seul salaire, enfin, je veux dire, je n’aurai pas beaucoup d’argent pour vous gâter. Ça il faut le comprendre. Mais je vous aime de tout mon cœur, vous êtes mes petites filles adorées. La prunelle de mes yeux. »

Ça ne s’est pas tout à fait passé comme ça. Pas de blâme. Mais j’y reviendrai. « La force est en vous. » Il faut « reprogrammer les vieux enregistrements », écrivait Louise L. Hay, gourou de la parapsychologie américaine. Que les gens divorcent, on s’y est habitué. Après il y a aussi la capacité qu’ont certaines personnes à réinitialiser totalement leur disque dur.

Plus tard dans la vie. En demi-pointes sur la table basse, je tire sur la chaînette du ventilateur. Les pales brassent l’air chaud et poisseux qui monte de la rivière. La petite forêt vierge sur le balcon entre dans la chambre par la fenêtre. Un ibiscus oranger a fleuri juste sur le rebord. Au téléphone c’est lui qui est loin. Les constellations invitent à s’allonger sur les toits. Avec les chats. Je lui fais partager ce moment artificiellement romantique. En vrai, je m’ennuie un peu. Mais je suis bien. L’été. C’est l’été. Peut être parce que je suis née en cette saison, ce mois, juillet, c’est mon préféré. Avant le soleil et la chaleur font des caprices. En août, on pense déjà à la rentrée, les jours raccourcissent. Cette fleur par la fenêtre, bouger nue. Tous les ans à la même époque, surgit Arcachon. La recréation à l’identique de connexions données d’une configuration est (c’est toi qui m’a dit ça) le seul moyen d’échapper aux filets du Temps, ce qui, d’ailleurs, n’est souhaitable que jusqu’à un certain point.

Nous sommes le 3 septembre 2007. Il est 19h30. J’attends. Ma petite fille aussi. En fait elle trépigne. Je lui ai dit que ce serait bien que papa soit là pour qu’elle ouvre ses cadeaux et souffle ses 5 bougies. Avant, il fabriquait des guides de voyages remplis d’horaires de bus — quand il attendait une info incontournable, il la remplaçait dans le texte le temps qu’un rédacteur la lui confirme par une ligne de X. Bientôt 20h. Ma petite fille s’impatiente. Qu’est ce que je suis censée faire ? Une ligne de XXXXXX ? Alors je pense que finalement, je suis la personne la plus adulte dans cette maison.

jeudi 7 août 2008

NORD+SUD - Tomographie anachronique

La prétention actuelle à réduire les émotions, le sens moral (ou son absence), enfin tout caractère humain à l’excitation (rendue visible au moyen d’une infographie colorée) de telle ou telle zone du cerveau rappelle l’erreur des anciens qui, parce que l’amour fait battre le cœur, voyaient dans le cœur l’origine de l’amour.


lundi 28 juillet 2008

NORD - Le système S²CR


ATTENTAT CONTRE LA PAIX
... Le désir de vengeance est toujours là, la colère ne me quitte pas et pourtant, je fais beaucoup de yoga, j’essaie de me calmer. La vente, c’est se remettre en cause : on se demande chaque jour si on a bien fait son travail. Pour être commercial, il faut être bien dans sa tête, être très équilibré. Et aujourd’hui beaucoup de gens ont « un pet de travers ». A la suite de quoi il y a vingt-deux (22) morts en à peine une heure et demi. C’est beaucoup. D’autant plus que ces morts sont toujours atroces, sordides, cruelles ou bêtement brutales.

—Oups ! I did it again !—

J’ai cassé mon portable. Perdu ma nouvelle adresse. Retrouvé la tienne. Nous sommes tombés d’accord sur le fait que nous étions devenus de vrais cons chacun de notre côté. La répétition semble favoriser cette désactivation. L’introspection ou l’apprentissage de nouveaux comportements peuvent changer les connexions cérébrales. La recréation à l’identique de connexions données (d’une configuration) étant comme tu sais le seul moyen d’échapper aux filets du Temps, ce qui, d’ailleurs, n’est souhaitable que jusqu’à un certain point (dit « S²CR ») :


TA SITUATION x MA SITUATION
+ LEURS CONSÉQUENCES

= NOTRE REMÈDE

(Ce qui est représenté symboliquement doit en effet, selon les lois de la magie sympathique, s’accomplir dans la réalité.)

Lorsque le prédateur est loin, c’est le contexte préfrontal qui est actif. Cette aire évoluée, siège des décisions planifiées et complexes, nous permet d’élaborer la meilleure stratégie de fuite. Mais dès que le prédateur se rapproche, le flux sanguin migre vers une aire plus archaïque située dans le centre du cerveau, la substance grise périaqueducale, responsable de la médiation de la douleur et de certaines fonctions motrices primitives (voir plus haut). Drôle d’expérience, vivre dans la peur. C’est ça, être un esclave. Aujourd’hui, le milieu étant ce qu’il est, rempli de crapules et d’idiots notoires, nous ne pouvons plus prendre des chemins séparés… Nous devons rester unis contre les cons.

samedi 19 juillet 2008

SUD - Autosuggestion-3: fm+emd Mix

Qu’importe de récurer l’évier trois fois, quand je porte le même T-shirt sale depuis sept jours ! (ICI, tout est planifié — sauf 2 ou 3 exceptions, aucune femme ne peut vivre de sa plume.) Si celle dont vous me parlez était RICHE — Gun Last Order! Après je tire ! (Toute la journée je vends des mangas) — et si elle pensait à écrire par amour des lettres, je répondrais : Ecrire, oui ! Mais à quoi bon quand c’est toujours au moment où je ne peux pas tenir le stylo ?

Faire cuire sa soupe — comme neige au soleil. Du moment que l'idée d'argent à gagner, même d'économie domestique, se mêle à la fièvre secrète qui fait germer les idées — Tente ta chance et sors de ton trou —, c'est que cette fièvre — la frustration à l’état pur — regardée en face ­— crée — n'existe — plus de — pas — vibrations, pulsations, ondes, vagues, perturbations, déferlement (mon Dieu c’est quoi cette odeur ? J’ai laissé cramer le putain de rôti !). Alors perds quelques heures de sommeil — mais pas de littérature.

Je ne DORS PAS de toute façon…
(Couchée je n’arrive à rien. Debout je m’endors.)


Rien de plus normal et de plus naturel — mais la littérature considérée comme un moyen de divorce ? Et quelle misérable vie que celle d'une femme de lettres quand elle ne devient pas illustre du premier coup, comme Lolita Pille. J'en connais beaucoup. Je les ai vues poursuivre les éditeurs, les directeurs de journaux, les confrères.

Neuf heures Déjà trop tard… J’ai le nez entre les couches.

Cette jeune femme est certainement intelligente — Pirouette cacahouète/Cabriole pistache/Rondade noisette. Rayer la mention inutile.
Son esprit est souple — ici, tout est planifié — et prendrait peut-être assez vite une note spéciale, dont elle pourrait faire une note à succès — (« Vous auriez Folio de Goethe? C’est commandé par un prof du lycée. ». On en fait même des recueils, genre : Perles de libraires. J’en ai plein d’autres, et de première main). Mais dès qu'il s'agit de popote (Brocolis Citron Haricots verts. Je préfère le cassoulet-frites. And I don’t wanna suck) — de divorce, de mari (Il entre. Il sort. Il entre… Putain mais c’est un couloir !) — ici, ici, tout est gardé A L’INTERIEUR.

Femme, je préfèrerais tout à cette existence là. Tout un drame domestique dont on cherche le dénouement dans les dix centimes qu'on lui donnera par ligne dans les journaux, quand on les lui donnera — (des critiques de livres, j’en ai écrit des tas depuis que Le Monde a inauguré sa rubrique « estampillé libraire » avec une des mes chroniques) — Qu'elle fasse n'importe quoi, mais pas ça (------------------------------------- Mon walkman est mort. La maison vide… Ouvrir les jouets des enfants !)

Quand on aime une chose — Et puis quoi ! On n’aurait rien d’autre à vivre ? — on ne demande pas si on doit la faire.

(La sieste des enfants : Une multitude de possibles rendues impossibles par la durée.)

Naissance : néant — pour une fois !
Décès : néant — pour l’instant.
Alors je vis !

vendredi 18 juillet 2008

SUD - Une chambre à moi : journal d’une mère de famille (Autosuggestion-2: Reality Mix)


TEXTE supprimé par décision unanime du comité central, car trop dilué (l'inconvénient majeur de la "réalité" entendue dans un certain sens) et faisant désormais double emploi avec le 3ème et dernier mix réalisé depuis. Il faut garder à l'esprit que même si sa pratique s'est généralisée, le Cut-up demeure une activité qui ne va pas sans entrainer quelques dommages collatéraux...




mercredi 16 juillet 2008

SUD - Autosuggestion

ICI, tout est planifié — sauf 2 ou 3 exceptions, aucune femme ne peut vivre de sa plume. Si celle dont vous me parlez était RICHE — ici, ici, tout est gardé à l’intérieur — et pensait à écrire par amour des lettres, je répondrais : oui, oui, oui, qu'elle écrive. (Tes espoirs, tes rêves, héros et idoles — FAIRE CUIRE SA SOUPE — comme neige au soleil.) Que l'idée d'argent à gagner, même d'économie domestique, se mêle à la fièvre secrète — Tente ta Chance, sors de ton Trou — qui fait germer les idées, c'est que cette fièvre (la frustration à l’état pur, regardée en face) ­— crée — n'existe — plus de — pasvibrations, pulsations, ondes, vagues, perturbations, déferlement (mon Dieu c’est quoi cette odeur ? J’ai laissé cramer le putain de rôti !) Alors — perds quelques heures de sommeil — que cette femme fasse n'importe quoi, mais pas de littérature — et dis-toi que tu auras essayé ------ (Je ne DORS PAS de toute façon…) ------ Quand une œuvre a été faite sans aucun souci que celui de cette œuvre, qu'on la vende cher, très cher, qu'on ne se laisse pas voler par les intermédiaires, rien de plus normal et de plus naturel — mais la littérature considérée comme un moyen de divorce ?!?? ------ Et quelle misérable vie que celle d'une femme de lettres quand elle ne devient pas illustre du premier coup, comme Lolita Pille. J'en connais beaucoup. Je les ai vues poursuivre les éditeurs, les directeurs de journaux, les confrères. Femme, je préférerais tout à cette existence-là ------ (Je fais DÉJÀ n’importe quoi) ------ Cette jeune femme est certainement intelligente. Son esprit est souple — ici, tout est planifié — et prendrait peut-être assez vite une note spéciale, dont elle pourrait faire une note à succès. Mais dès qu'il s'agit de popote, de divorce, de mari — ici, ici, tout est gardé à l’intérieur tout un drame domestique dont on cherche le dénouement dans les dix centimes qu'on lui donnera par ligne dans les journaux — quand on les lui donnera — qu'elle fasse n'importe quoi, mais pas ça.
n'importe quoi
n'importe quoi
n'importe quoi

Quand on aime une chose, on ne demande pas si on doit la faire. On la fait, et alors, presque toujours on la fait bien.

mercredi 2 juillet 2008

NORD

Pourtant il est bon de vivre. Même lorsqu'on reçoit des coups. Il faut seulement avoir la possibilité de les rendre.

mardi 1 juillet 2008

SUD - Pluie

Il flotte comme en Normandie. Le ciel est gris et noir de façon à ne laisser subsister absolument aucun doute sur ce qui adviendra d’ici le soir. Les voisins - lui maigre, elle l’inverse, le corps qui essaie de s’enfuir par-dessus l’élastique qui retient le tissus à la taille et aux cuisses, énorme en short et T shirt siglés, les cheveux gras ramenés en un brouillon de queue de cheval, un regard de cocker - fument sur le balcon en face de ma fenêtre. Depuis que les gars qui s’occupent de l’entretien de la rivière ont tranché net le tronc de l’énorme figuier qui nous servait de rideau aux uns et aux autres on peut se mater à loisir. Parfois la petite - elle ne doit pas avoir 2 ans - déboule comme un petit bolide manga dans les grosses jambes de sa mère mais elle est stoppée net par la grille du micro balcon. On dirait un petit animal en cage. Ils semblent sortis tout droit d’un de ces terrains vagues où les parents des loosers vivent dans des mobiles homes. A Detroit par exemple. Oui à Detroit. A chaque fois que je les aperçois, je pense aux parents d’Iggy Pop.


J’aime bien ce temps. Peut être parce que c’est vraiment rare ici. J’ai l’impression de me rapprocher de toi.


J’écoute l’album de Miss Scarlett en boucle.

Hier c’était la fête des mères. Tom Waits revu par Tim Burton. Ça me fait marrer. En fait une fois que t’y es c’est un peu tous les jours ta fête. Les accès de schizophrénie sont ils des fêtes ? Je me regarde je suis je regarde la scène c’est pourtant moi qui joue. La fée clochette et le gars qui a écrit Diamond dogs. Est-ce que ma mère a ressenti ça aussi quand elle recevait son collier de nouilles quand elle m’obligeait à finir mon assiette à ranger ma chambre surtout le robinet dans la salle de bain et le gros son de Scream like a baby. Il avait commencé par oublier. A supporter ce quotidien et je me demande comment ça va finir et si ça va finir. J’aimerai avoir quelqu’un, un ami juste un à qui parler un peu. Mais comme je ne suis pas tout à fait assez cinglée, je ne peux pas encore m’en inventer un. Me tirer. Me tirer le yi king.


Revoilà la voisine avec des seaux. Elle a souvent des seaux à la main et en balance le contenu dans la rivière. Je me demande ce que c’est. On dirait de l’eau… Peut être ont-ils des fuites. Ou alors elle lave tout le temps par terre…


Mais dieu que cette maison est triste… Comme on ne dit rien, les enfants occupent tout l’espace sonore alors j’ai souvent mal à la tête. J’ai de plus en plus de mal à moi. Je m’ennuie, c’est terrible ce que je peux m’ennuyer. Rien que toi. Dans un projet d’écriture. C’est une voie possible pour sortir de ma lente dématérialisation. Et toi tu es très loin. Il faudrait que je me plonge. Je ne fais pas exprès, je décroche, je divague et soudain je me retrouve en face de quelqu’un qui vient de tourner la tête pour parler avec un autre.

Aujourd’hui je suis sensée commencer un vague programme de remise en forme. Rien que d’y penser j’ai envie de me barrer en courant. La discipline m’apportera quelques satisfactions et me gardera de tomber dans le trou. Hein ? Pas vrai ? S’y tenir. C’est tout sauf mièvre. Je suis obligée d’y aller petits bouts par petits bouts parce que ça me tord l’estomac. Le sujet de l’esclave consentante, l’image du bourreau. Sans visage. Choisi pour décrire ces scènes de tortures physiques et morales. Les rituels, le silence, l’abandon total.
Une sorte de carmélite privée à usage multiple.


MERDE.

EMD

mardi 24 juin 2008