lundi 31 octobre 2011

NORD - In extremis. Pas la gravure mais la plaque.

Une personne dont les avis m’importent m’a fait justement remarquer que les Mutants n’avaient soumis aucun texte à des revues depuis notre participation en 2009 au n°8 de La Passe. Non que nous n’ayons pas eu également des textes refusés, mais ces refus datent de la même période, soit un an avant la parution de mon roman. Emma et moi avons donc décidé de garder pour l’heure sous le coude le produit de ce mois d’octobre pourtant très studieux (premier du genre depuis longtemps pour le jeune père que je suis). Qu'en ferons-nous exactement, je n’en sais rien. Sachez, toutefois, cher comte, que vous avez perdu le plus beau spectacle que le goût ait imaginé et qu’une galanterie noble ait jamais exécuté. On y a représenté la chaste forteresse de la beauté assaillie par le désir.


En plus c'est vrai. Enfin, c'est une façon de le formuler.



L’un de ces textes, écrit par Emma seule, sera publié ici bientôt, tandis que l’autre, créé en commun, poursuit sa mue en vue d’être réduit de 17000 signes au tiers. Une telle entreprise de remodelage produit généralement une foule de versions intermédiaires, plus ou moins achevées, si différentes les unes des autres qu’on pourrait presque avec cela alimenter le blog pendant un an sans vraiment rabâcher. Le problème, bien sûr, c’est que c’est la dernière qui compte !


Le format blog rend volubile. Soit qu’on y poste son avis sur tout et n’importe quoi, ses « coups de cœur », des billets d’humeur ou des articles quasi quotidiens, soit qu’on s'y lance, comme nous, dans des sortes de voyages expérimentaux au long cours, comme je serais tenté de qualifier nos cut-ups retravaillés, délibérément narratifs mais jalonnés de rencontres improbables à la façon, peut-être, d’une Alice moderne. Dans la susmentionnée épopée de 1700 signes, par exemple, se trouvait à l'origine une scène où, dans la salle de billard du manoir métaphorique des sommités du monde contemporain, Slavoj Žižek bourré insultait copieusement Gabrielle Wittkop parce qu’elle était végétarienne. Celle-ci pendant ce temps tenait, en fumant le cigare, des propos à la Houellebecq sur la prostitution asiatique. Un passage très bossé, mais ça reste le genre de conneries que tu racontes plutôt chez toi, à des amis, et c’est pourquoi j’ai coutume de dire que le blog est ma maison.



J’aime être lu. Pourtant, en ce qui concerne NORD-SUD, je n’ai jamais fait trop d’efforts pour améliorer les statistiques de fréquentation. J’y teste des idées. Emma aussi. Sans NORD-SUD je n’aurais pas écrit mon livre, en tout cas pas le même. Mon post du jour anniversaire de la chute du Mur de Berlin, par exemple, s’y retrouve presque dans son intégralité. Il nous faut maintenant réfléchir aux types de contenus qui nous permettront d’être fidèles à la vocation originelle du blog : être le lieu d’un dialogue entre nous, ouvert pourtant sur l’extérieur (putain là je deviens super pompeux, j’arrête !). Peut-être plus de « matériaux bruts », de citations croisées ou pas (ci-dessus, Schiller).



En bref, le blog est notre QG, il est aussi pour nous un réservoir d’idées à développer, dans les mauvais jours un crash-test, parfois un désert, mais il doit se lire avant tout comme une correspondance. Emma s’étant évadée trois jours, cap toujours plus au SUD, à Barcelone, j’attendrai donc sa carte postale.


FM