jeudi 29 novembre 2012

We R the World mix (1985-1991-2003)

VOICI venu le temps (LIONEL RICHIE) où nous répondons à un certain appel - préférant (comme le suggère WARDEN) aux attaques directes contre les civils, les cibles "duales" que constituent les infrastructures sociétales, nécessaires à la vie urbaine - où le monde doit se rassembler (STEVIE WONDER & LIONEL RICHIE) pour ne plus faire qu'un - "Full Spectrum Dominance" garantie (?) par des techniques de surveillance précises et automatisées - (STEVIE WONDER) IL Y A DES GENS QUI MEURENT – oui bon, seulement 3000 civils (d'après KENNETH RIZER dans le journal officiel de l'Air Force ) lors des frappes chirurgicales de 1991, soit le plus petit nombre de victimes liés à une grande campagne de bombardement dans toute l'histoire de la guerre - et il est temps (PAUL SIMON) de prêter main forte à LA VIE - pour le 11 septembre on donne le chiffre, précis, de 2977 vies américaines - (PAUL SIMON & KENNY ROGERS) le bien le plus précieux qui soit ---
(KENNY ROGERS) NOUS ne pouvons feindre jour après jour de croire - comme lors de l'opération Tempête du désert, avec le quasi anéantissement de la production électrique irakienne - (JAMES INGRAM) que quelqu'un, d'une façon ou d'une autre, changera les choses - "Vos lumières se rallumeront (avait claironné DAVID DEPTULA) dès que vous vous serez débarrassés de Saddam !" - (TINA TURNER) nous appartenons tous à LA GRANDE FAMILLE DIVINE - dépendant de réseau d'eau et d’égouts au fonctionnement assuré par des stations de pompage électriques - et vous savez, en vérité (BILLY JOEL) - nonobstant le fait que la plupart des outils ou fournitures nécessaires à l’hypothétique remise en marche des infrastructures tombaient en leur qualité d’objets « duaux » sous le coup des sanctions onusiennes - (TINA TURNER & BILLY JOEL) L'AMOUR est tout ce dont nous avons besoin ---
[Refrain] 
(MICHAEL) NOUS sommes le MONDE, nous sommes LES ENFANTS - avec une honnêteté qui l'honore, RIZER reconnaît un doublement des taux de mortalité infantile - nous sommes porteurs de plus beaux lendemains - l'Unicef parlera d'une multiplication par six entre 90 et 98 - alors COMMENÇONS A DONNER - la démocratie, ça c'est un beau cadeau - (DIANA ROSS) C'EST UN CHOIX QUE NOUS FAISONS - une note du dpt. de la Défense ayant anticipé dès le début de l'année 91 des pénuries massives d'eau et de nourriture, l'effondrement de la médecine préventive, une incapacité à traiter les déchets, d'où découleraient bientôt des épidémies : choléra, méningite, typhoïde - ce sont nos propres vies que nous sauvons - et préserverons d'autant mieux lorsque robots et drones auront achevé de remplacer nos petits gars - (MICHAEL & DIANA) oui vraiment nous rendrons les lendemains meilleurs - par l'identification des menaces potentielles, le quadrillage de l'espace urbain, foyer d'instabilité, des frappes préventives décidées et mises en œuvre par le biais de procédures automatisées - juste vous et moi - les méchants, c'est pas nous (chantait RENAUD SECHAN).
Envoyez-leur votre cœur (DIONNE WARWICK) pour leur montrer qu'on se soucie d'eux - particulièrement de leur image - (D. WARWICK & WILLIE NELSON) et leurs vies en seront renforcées, libres – certains Irakiens entreprenants ont percé des canalisations et des conduites d’égout proches de leur maison pour pallier au manque d’eau potable - (WILLIE NELSON) comme DIEU NOUS L'A MONTRé en changeant les pierres en pains - pour changer cadavres et ruines en feux d'artifice bénins, changez de chaîne - aussi devons-nous tous (AL JARREAU) tendre une main secourable - comme l'US Army l'a montré en mettant en charpie les bureaux de AL JAZEERA (avril 2003).
[Refrain]
Durant la Seconde Guerre mondiale l'âge moyen des combattants (US) était de 26 ans - (BRUCE SPRINGSTEEN) NOUS SOMMES LE MONDE (US), nous sommes les enfants - au Viet-Nam, 19 -  nous sommes porteurs (KENNY LOGGINS) de plus beaux lendemains - les recrues d'aujourd'hui commencent leur formation dès 7 ans - alors commençons à donner - aux concepteurs de jeux, bien sûr - (STEVE PERRY) c'est un choix que nous faisons - dans la ville simulée, aux décors orientalisants - ce sont nos propres vies que nous sauvons - élimination à distance de leaders avérés ou potentiels - (DARYL HALL) oui vraiment nous rendrons les lendemains meilleurs - assis dans une caravane sur une base de l'Air Force en Floride - juste vous et moi (US).

Quand vous êtes à la dérive (MICHAEL), il semble ne rester nul espoir - doctrine "Choc et effroi" - (HUEY LEWIS) mais si vous pensez simplement qu'il n'y a pour nous aucun risque de perdre pied - aussi longtemps que la modernisation sera conçue comme un processus d'expansion économique unitaire et unidirectionnel - AHAHAH, eh bien (CYNDI LAUPER) réalisons qu'un réel changement ne pourra venir - sous peine d'une inversion brutale, démodernisation punitive destinée à provoquer chez les populations urbaines des traumas psychologiques de type post-nucléaire - (KIM CARNES) qu'en nous (LEWIS & LAUPER & CARNES) dressant tous ensemble pour NE PLUS FAIRE QU'UN - retard et révolte désormais explicables uniquement en termes de déviance et de pathologie.
 [Refrain] (EV-ERY-BO-DY!!!!) NOUS sommes le monde, nous sommes les enfants - absence de lumière, arrêt des moyens de conservation par le froid, matériel médical électronique inutilisable, interruption de l'alimentation en eau des systèmes sanitaires et de traitement des déchets, etc. (effets de premier ordre) - nous sommes porteurs de plus beaux lendemains - effritement des capacités de communication de l'ennemi et besoin accru d'un matériel spécifique, générateurs, batteries, dispositifs de vision nocturne - alors commençons à donner - pour l'ensemble de la société pénurie d'eau pour boire, cuisiner, se laver, problèmes d'hygiène (effets de deuxième ordre) - c'est un choix que nous faisons (BOB DYLAN) - provoquant problèmes de logistique, mobilité réduite, moindre appréhension de la situation en temps réel - ce sont NOS PROPRES VIES que nous sauvons - accroissement du nombre de maladies, malnutrition, réquisitions forcées (effets de troisième ordre) - oui vraiment nous rendrons les lendemains meilleurs, juste vous et moi - faisant peser sur les dirigeants politiques du pays ennemi une pression insupportable du fait de l'exaspération et du désespoir de la population : 

[Refrain-bis] 
RIZER toujours honnête évalue à 100 000 le nombre de civils irakiens morts par suite des épidémies (choléra, typhoïde, gastro-entérite aigüe) consécutives à la guerre du Golfe et à plus d'une décennie de sanctions économiques - (RAY CHARLES : "ALLEZ! ENCORE UNE FOIS!") - nous sommes le monde, nous sommes les enfants (re-EVERYBODY)  - la légalité de ces destructions étant pour lui dès l'origine "très largement une question d'interprétation" - nous sommes porteurs de plus beaux lendemains - poursuit-il en substance : comment l'Air Force peut-elle espérer saper le moral des population sans chercher à tuer ou blesser ? - alors commençons à donner - des leçons de morale, des leçons d'humanité - (re-RAY CHARLES) c'est un choix que nous faisons - continuer à revendiquer le droit d'attaquer des cibles "duales" ----- [Refrain-ter (STEVIE WONDER & BRUCE SPRINGSTEEN) et bis-repetita] ----- nous sommes le monde, nous sommes les enfants - nous sommes porteurs de plus beaux lendemains - alors commençons à donner - c'est un choix que nous faisons - ce sont nos propres vies que nous sauvons – appelons ça la "guerre à la Terreur" - oui vraiment nous rendrons les lendemains meilleurs - pour eux comme pour nous - juste vous et moi - et puis d'ailleurs, SAVENT-ILS MÊME QUE C’EST NOËL ???  


Post-scriptum et références (USA for Middle-East) : j'ai puisé les citations de l'article de Kenneth Rizer (2001) dans un ouvrage de Stephen Graham paru en français sous le titre Villes sous contrôle - la militarisation de l'espace urbain. Celui-ci, on s'en doute, est déjà assez polémique. Les cercles de la guerre systémique (ou infrastructurelle) ont été définis par Warden puis Felker (le "seigneur des anneaux"!) pour orienter la future stratégie américaine. Pour ma part les concepts de "pertes collatérales" voire "dégâts collatéraux" m'ont toujours plongé dans des abîmes de perplexité. L'idée de responsabilité est martelée d'un bout à l'autre de la chanson "We Are The World" et, en dehors de l'ironie évidente, c'est cela qui m'a intéressé ici.