mardi 31 décembre 2013

NORD SUD – Astromovasical : vœux Mutants


Wengoe, IoneAïone, Sums, Criquet et la Gaboune vous souhaitent une ASTROMOVASICALE année 2014 !
Nous ignorons si c’est une bonne chose, car seule ma fille de 2 ans 1/2 connaît la signification de ce mot. Son mot. Elle la garde pour elle.

Sums et Criquet sont deux robots japonais (80s) qui n’ont jamais demandé à s’appeler ainsi. Ils sont domiciliés sur les étagères du musicien et sataniste distingué Ghaal Von Drak. Mais, encore une fois, ce n’est pas lui qui les a baptisés, c’est ma Gaboune.

Ione et A ïone sont des chevaux, je crois. Pour ce que j’en sais, ils n’ont aucune existence physique.

Wengoe est une poupée.

Le portrait de la Gaboune ci-dessous est signé Malotoï, le fils d’Emma.
Mon vœu pour nous tous cette année, créer une langue car, ici comme ailleurs, nous n’en avons plus – si ?
FM

samedi 30 novembre 2013

NORD SUD - Voyage à Tokyo

Fukushima-san. En prenant le problème à l’os, c’est le personnage qui sert à tous. Les murs de la librairie sont tombés, ils nous vendent trois millions de yen une demi-bouteille d’eau.

Papi : « On est dans une autre vie. »

Laquelle ? Ben celle où tu te réveilles au clairon du salaire des grands patrons, avec juste derrière le nouveau marronnier des journaleux, le stage en entreprise des 3ème 3 du collège Mitsubishi, un bébé encore dans les langes qui lit à l’antenne sa lettre de motiv longue comme le bras pour gagner trois jours chez un opérateur mobile. Un peu comme la pub couplée dragées Fuca/ Ajax de BEAT TAKESHI, et tu sais combien j’exècre la vulgarité.


Mamie : « Tournicoti-tournicoton, ferme ton claque-merde Polux, j’arrive pas à me sortir ce cinéma de la tête, merci de pas nous jeter la pièce. »

La radio : « La plupart de nos employés va partir à la retraite en 2020, nous aurons besoin de ressources à ce moment là. »

Papi : « Et cesse de corriger mon orthographe, mamie, ça me diminue. C’est comme ça qu’on dit? ça me diminue. »




Quand une consigne est mal transmise, c’est une catastrophe en termes de productivité.


La belle-fille : « Belle-maman ce doit être merveilleux de vivre à la campagne. Aujourd’hui grâce au Shinkansen, on peut être TRES VITE, TRES LOIN. »

Mamie : « ? »

(DEUS EX MACHINA) Le cloud métier CEGID et son bouquet de services font leur apparition dans le monde du secteur public.

Mamie : « Moins de fautes, plus de confiance. »

Papi : « L’illettrisme s’imisce dans les entreprises. »

Le fils : « Les collectivités locales se mobilisent. Woonoz surfe sur le business de l’orthographe. »

La belle-fille : « Le micro-drone NX110RT de Novadem voit à 360° de jour comme de nuit, vole jusqu’à 20 minutes à 2,2 kilomètres d’altitude et est équipé d’une fonction de saisie automatique afin de châtier votre langage, beau-papa. »



Dans les régions le « family business » revisite son héritage. Certains mettent en place un système de gouvernance de la famille pouvant aller jusqu’à la charte.

La radio : « Et des challenges d’orthographe par équipe. »

Le fils : « Merci. »

La radio : « De rien. »

Tu a toujours pensé que l’amour te ferait perdre ton identité, collective évidemment. Je ne me souviens pas entre nous du moindre contact physique durant toutes ces années où je vivais dans ma chambre et la chambre est devenue moi, PAPA - la présente introspection peu vraisemblable dans un pays dont les pronoms personnels sont intraduisibles en toute autre langue, j’arrête tout de suite.


Le fils : « Vous prendrez bien une tasse de thé ? »

Papi : « Merci, fils. »

Le bruit de la bouilloire emplit le vide de la pièce.
Dans ce pays on ne dit jamais non, on dit : C’est difficile.

Mamie : « C’est si gentil à vous de nous accueillir. »

Et pourtant il faut répéter.


Mamie : « Cette histoire de chien coincé entre les rochers qui bloque la chute d’eau… Tout à l’heure c’était plein de mystères et maintenant… Peut-être l’allusion au cabinet d’aisance qui, tout de même est le premier sujet de l’éloge de l’ombre ? Je pense à la chasse d’eau. »

La belle-fille : « Merci, belle-maman, merci de nous faire partager. »

Formule anglo-saxonnante suivie, pourtant, d’un échange nourri de civilités verbales et gestuelles, d’une longueur et d’une complexité propre à décourager toute velléité de transcription dans un idiome culturel autre. Le fils objecte à la grossièreté de sa mère, le père lui rétorque qu’elle a été hippie.

Mamie : « ... A un animal qui serait coincé dedans. Un truc blessé et qui couine. Et toute la tuyauterie se met à faire un barouf d’enfer comme un train qui se met en branle... »

La belle-fille : « Je ne rebondirai pas là-dessus. »

Le fils : « Répéter c’est fait pour comprendre. »

Mamie : « Et ça martèle et ça martèle. Pour autant, il n’en reste pas moins que des vieux débris lavés à l’eau bouillante, des tuyaux arrachés où dedans ça glougloute. »

 Le fils : « L’espace mental libéré par les calculs de la machine libère l’espace de la motivation. »

Ça doit avoir à faire avec le mouvement. La vitesse. Cette putain d’idée de mouvement dont on ne parvient pas à s’arracher. Réglé comme un coucou, on apparait à la table où boivent et mangent les convives. Des bouts de papiers trainent partout sur le tapis de corde sale. Y’a quelqu’un dans la bouilloire ?


Pour ainsi dire, oui. La bouilloire est un robot. La bouilloire pense. « La bouilloire pense plus que toi » déclare le père à son fils.

Papi : « Ta vie est aussi stupide que la mienne et la reconnaissance qu’elle t’a valu, nulle. Tu ne baises pas ta femme. Tu me fais honte. Tu es aussi emmerdant qu’un film de Ozu. »

Qu’il a tous vus, autrefois, à l’amicale des étudiants. Le père raconte pour la énième fois à son fils comment, avec les camarades, vêtus tous d’une blouse, d’un casque et d’un foulard identiques, munis de barres de fer elles aussi standardisées, d’une taille supérieure aux matraques de la police, ils affrontaient celle-ci dans les rues de Yokohama.


Le fils claque la porte.

La belle-fille regarde un anime en 3D sur son téléphone.

Le fœtus, dans son ventre, renonce à naître.



Pendant ce temps la bouilloire-robot, multitâches, textote la police pour dénoncer un voisin immigré en situation irrégulière. Le film 3D de la belle-fille ? Une histoire d’inspiration littéralement historique, avec un super-vilain en perruque poudrée. Son sourire maléfique découvre deux rangées de petites dents pointus. A un moment donné, du haut-parleur du mobile, dans le salon silencieux retentit le cri : « Vive la France ! »

jeudi 24 octobre 2013

NORD - Les Poussettes contre-attaquent (RUE DES LIGNES 2013, Librairie Zadig)

La librairie française de Berlin baptisée du nom voltairien (& très chiffons) de ZADIG, au 141 de la Linienstrasse, fêtait le mois dernier ses 10 ans par la publication de l'anthologie RUE DES LIGNES à laquelle j'ai participé.



AU SOMMAIRE :

Straßenecken-Literatur
SP38 ; Marc Pouzol ; Oliver Rohe ; Mathieu Riboulet ; D.A.F. de Sade ; Volker Braun ; Alain Lance ; Éric Gilles ; Mawil ; Gilles Martin ; Alfred Döblin ; Florence Debray (Floh) ; Jean-Charles Massera ; Kent ; Michel Valensi ; Franck Pavloff.

Prose migrante
Wilfried N’Sondé ; Hélène Bezençon ; Dominique Brand ; Alban Lefranc ; Cécile Wajsbrot ; Jayrôme C. Robinet ; Guillaume Burnod ; Patrick Quérillacq ; Frédéric Moulin ; Alain Freudiger ; Éric Sarner ; Jean-Philippe Toussaint ; Jean-Philippe Toussaint & John Lambert.

Berlin psycho-imaginiste
Christian Prigent, Alain Jadot et le collectif DDR-Lyrik 1989 ; Diane Meur ; Louis-Philippe Dalembert ; Sabine Wespieser ; Patricia Farazzi ; Yannick Haenel.


Le texte "La Bataille des poussettes" (Chanson de geste) est extrait de mon livre Valeurs ajoutées, qui comme les autres titres de la collection ET HOP! a récemment cessé d'être distribué par l'éditeur (IMHO), donc cette résurrection partielle était bienvenue. Autre bonne nouvelle, l'ancien directeur de la collection (laquelle a par ailleurs un temps été codirigée par Chloé Delaume), Eric Arlix, continue de proposer nombre de bouquins tout aussi tordus au catalogue de sa propre maison d'édition.

Pour l'anthologie - en plus d'avoir cru bon d'ajouter à Chanson de geste un fautif et peu glorieux S final - je me suis fendu d'une petite introduction. Contre toute attente, je suis plutôt content de l'avoir fait. J'y écris, en substance, qu'après avoir été un enjeu idéologique et géopolitique,

"Berlin, encore aujourd’hui, reste une ville irréductible à sa physionomie (tout l’inverse de Paris) pour offrir, plutôt, l’image d’un espace symbolique que paraissent se disputer des « factions » rivales, réelles ou imaginaires. Leur style de vie, leur surface économique, parfois l’ancienneté réelle ou mythique de leur implantation, de leur enracinement, constituant pour chacune des composantes de la population autant de titres de propriété ou de motifs d’excommunication. Sur le Web, sinon dans la réalité. Après la tragédie, la farce, de la binarité du discours de la Guerre froide aux tribus fabriquées de l’âge digital… Enfin bref, j’aimais cette idée qu’au terme d’un tel processus d’atomisation, l’espace urbain se devait d’être finalement revendiqué de façon tout aussi agressive, conquérante, par l’individu, peut-être pas isolé, mais légitimé à ses propres yeux par son appartenance à la cellule familiale…"

Sans fausse modestie, je pense que ça n'est pas complètement con.

FM

mercredi 11 septembre 2013

NORD (si on veut) - 9.11.1973

"Ayant nos vices, vous aurez bientôt notre politique (...), l'avarice est une passion impérieuse et sotte. Elle vous persuadera qu'il faut faire la guerre pour augmenter vos richesses : vous aurez une Carthage commerçante et guerrière à la fois, et son ambition, entée sur l'avarice, voudra dominer sur ses voisins, et les traiter en sujets (...)."

Gabriel Bonot de Mably, Observations sur le gouvernement et les loix des Etats-Unis d'Amérique, 1784.




Photo anonyme publiée par le New York Times.
Salvador Allende le jour de son "suicide" (11 septembre 1973).

jeudi 1 août 2013

NORD SUD - "Au fumoir" 3 (et demi, pour solde de tout compte)

Troisième et dernière VARIATION autour du texte GAMMES paru dans DISSONANCES n°22. Comme dit dans le post de mai, la plus récente livraison de cette même revue contient, elle, un texte d’Emma : Leçons de ténèbres.


AU FUMOIR, on commence à trouver que ça fait UN PEU CHER, les leçons de piano de la petite. Surtout pour qui est attaché à la notion d'investissement rentable.

{IMAGE} Girl at Mirror {français : Fillette devant le miroir} Norman Rockwell, Norman Rockwell Museum, Stockbridge.

{IMAGE} Pubertet {français : Puberté} Edvard Munch, Nasjenalgalleriet, Oslo.

{IMAGE} iPod – pink (French edition) {français : iPod – rose (affiche française)} artist unknown, International Poster Gallery, online.

De quel genre de pipeau doit aujourd'hui jouer la fragile créature organique XX pour se faire entendre ? Pas la bonne, l'autre : la fille bien ? À défaut du carrosse BMW, certes toujours envisageable (il ne faut jamais baisser les bras), guignant consolation la citrouille Louis Vuitton, l’interview FHM ? Prospect évidemment plus réaliste qu’à tabler sur l’égalité salariale (ici ce n'est pas tant une question d'argent, que de visibilité, d’insertion) --- enfin bon ça va, hein, ON N’EST QUAND MÊME PAS EN THAÏLANDE !









« La prostitution asiatique n’a pourtant jamais cessé de s’exercer sous toutes ses formes, avec ou sans colonialisme, avec ou sans tourisme, corrige la baronne Gabrielle W. qui justement revient de Bangkok. Inutile de s’en émouvoir. »




Tirant sur son cigare, la baronne n’en peste pas moins contre le tourisme de masse, ces prolos européens auxquels les voyages devraient être interdits, la photo certificat d’exotisme quand l’amateur de bière et de football sera de retour à Bois-Colombes, Kaiserslautern ou Bruxelles, et captive les hommes habituellement blasés qui peuplent le fumoir avec ses aperçus ou insights sans concessions sur la vie en Asie :

« J’aime les marchés de tous les pays, sauf ceux où sont vendus des animaux vivants, dont la détresse me déchire et me révolte. »

{IMAGE} Tragic Anatomies: Mirror, Mirror On The Floor Your Dad’s A Prick Your Mom’s A Whore {français : intraduisible} Jake & Dinos Chapman, Saatchi Gallery, Londres.

Retour de tonton Žižek (Jean-François Kahn, à l'inverse, est parti pour de bon), par l’odeur du Brandy alléché :

« Qu’est-ce qu’elle dit ?
― Elle dit qu’elle est végétarienne.
― ??.. Peuh ! Degenerates ! They’ll turn into monkeys. »




{IMAGE} The Bride Stripped Bare by Her Bachelors, Even (The Large Glass) {français : La mariée mise à nu par ses célibataires, même (le Grand Verre)} Marcel Duchamp, Philadelphia Museum of Art, Philadelphie.

Au fumoir la vrai logique des vrais hommes se pare, on le voit bien, des atours les plus contrastés.









Le cycle s’achève, un peu en queue de poisson.

Mais détendez-vous. C’est les vacances.



{IMAGE} Girl Interrupted… {français : La Leçon de musique interrompue} Johannes Vermeer, Frick Collection, New York.

jeudi 18 juillet 2013

NORD SUD – Addenda à la première variation sur le texte GAMMES, post du 16/07/12 (un an déjà)

Dans un esprit très Eisenstein nous avions fini sur une scène de foule -
"Manichéisme. Le Sacre du Spring-Break."
Complément d'information :
l'endroit du décor.





Là direct on comprend mieux. Tannhäuser. Les enjeux philosophiques. Tout ça.



mercredi 19 juin 2013

SUD - ArielRemixed



Statue dans un musée rempli de courants d’air. Ma nudité menace ta sécurité. Tu t’écartes comme des murs ébahis. Toute la nuit son souffle de papillon vibre. J’écoute. La main laisse une trace épidermique de son violent retrait. Tout le matin depuis ce matin sombre. Fleur ignorée, j’organise des listes. Mes os renferment le silence. Les cris de mes propres enfants font au loin mon cœur fondre. Garantie à vie. Ça travaille ça fait à manger. Et ça parle. Vous avez un trou, c’est une ventouse. Vous avez un œil, c’est une image. C’est intenable tous les aujourd’hui. Je suis scellée. Je brûle et me consume. De la cendre saupoudrée sur le lac. La nuit, ça claque des ailes. Et part, toutes griffes dehors, chercher de quoi aimer. Avec mes cheveux d’algues je sors et dévore les hommes. Dévore les hommes comme l’air. Un petit restant de vie. Un dernier feu. Et puis bientôt plus rien. Aussi faut-il s’embraser séance tenante. Pupille stupide et dilatée. Comme la lumière se pose sur ces murs, ce lit, ces mains, je ne suis personne. Les explosions ne me concernent pas. J’ai abandonné mon nom. Je n’en ai jamais eu. Perdue, mes bagages m’encombrent. Sur la photo de famille, les sourires s’accrochent, petites griffes mesquines. Moi dans l’angle mort. J’ai laissé les choses filer. Ainsi amarrée. L’eau monte. Me voilà nonne maintenant. Carmélite à usage privé. Je reste couchée les paumes offertes, complètement vide. Personne ne me prête attention ou l’on me dévisage. Ombre de papier découpé. Origami ingénieux : on dirait qu’il flotte alors qu’il pèse. Je n’ai plus de visage. Les gens je les déçois. Epave rouille de rouge d’un moteur. On dirait que les murs s’animent eux aussi. Malaise saboteur. Malaise kamikaze. La pulpe du cœur affronte sa petite meule de silence. Poupée souillon. Brisée brisée. Jusqu’à ce que ta tête soit une pierre. Je lève une main de barbelés rouges. Je suis cette demeure hantée par un cri. Silence s’enroule. Vampirisée par cette chose obscure qui sommeille en moi. Tout le jour je subis son manège, je souris par-dessus l’insistance de la voix. Il faut payer pour regarder mes cicatrices. Il faut payer - et très cher ! - pour avoir un mot, un geste, un peu de sang. Voilà Herr Ennemi. Au marché mon cœur rouge fleurit incroyablement mon manteau. Que suis-je si ces bouches et moi pas. Silence s’enroule. Que suis-je ? Une eau verte ouvre un œil malade de tout ce qu’il a englouti. Virulence immobile. Au balcon les choses brillent. Les choses. Voici le flanc d’un homme : les côtes rouges. On se croirait devenu propriétaire d’un saint. La date toute nue grave dans l’argent ses chiffres qui disent : au compteur de l’alliance une année de plus. S’avance une nouvelle avec son ciel de sourires réservés pour plus tard. La fleur des fiançailles a épuisé sa fraîcheur depuis longtemps. Je gis desséchée entre les draps. L’herboriste est toxique et négligent. Comme le meurtrier, il n’a pas de visage. C’est la faille isolée. L’erreur lente qui tue, qui tue. Derrière la vitre, le monde remue. Caresse papier de verre. Tout ce qui vient du dehors me fissure. Pas de stase. Quelqu’un quelque part est foutu. Sans reflet, contrairement au cygne, l’homme-araignée m’a capturée. Il voudrait me faire dormir dans son réduit minable. Me faire passer un concours pour turbiner à La Poste. Conserver tous mes bouts. Sauve-toi relique ! Mes doublures s’accrochent à ma coque, pressantes comme des sœurs, stigmates en plein centre. Si tu savais combien de jours ces voiles m’ont tuée. Pour toi ils sont transparences, limpidité de l’air. Pas même insignifiance arachnéenne réclamant le cagneux du balai. Bouteille dans quoi je vis. Assassinée tous les jours en pleine lumière sous le sceau du licite. Tu n’as qu’une jambe et je boite. Je regarde ma robe de mariée qui me raconte pourquoi. Je suis seule avec moi, trempée jusqu’à la taille, mourant d’envie de dire quelque chose de définitif. A la rigueur avoir quelque chose en tête comme l’Amérique. Mais haine à ras bord. Haine à ras bord. Triple du morne. Triple du rien. Triple bouchée de cendre. Epluchures, couches, acétylène. Triple jupon de putain. Sous le châle maillé, le corps dépouillé de ses velours, si peu royale et même scandaleuse. Qu’importe de récurer l’évier trois fois quand je porte le même T-shirt sale depuis sept jours. J’essuie les assiettes avec les cheveux longs des servantes de la Longue Dame Disparue. Dehors, le monde a lieu. Et puis, soudain : paupière de lézard, la nuit se referme d’un coup sec, les doigts piégés dans un tumulte de clefs. Tout est en rang de tes ordres. Jusqu’à ma chair hérissée. Sourire limaille de fer. Je me maquille en clown parce que ça me fait moins peur.
Il n’y a pas de terminus. Juste des valises d’où se déplie la même identité comme un costume brillant d’usure aux poches autrefois pleines de vœux. Il n’y a pas de terminus. On ne va nulle part et on ne descend pas. Il n’y pas de terminus.

vendredi 10 mai 2013

SUD - Autopromo in tenebris

Un texte de EMD - Leçons de ténèbres -
vient de paraître dans la vingt-quatrième livraison de la revue DISSONANCES.
Du mal, des coups et du mal, voilà tout ce que vous avez mérité pour ce début de printemps.

lundi 15 avril 2013

NORD - "Anomalies INCOVAR" in La Passe n° 17



De nouveau un court texte de FM dans LA PASSE, numéro 17 : une "passe" justement, expérimentation collective initiée par Tristan Félix, disciple de Kantor et des frères Quay qui co-dirige la revue avec le flegmatique Philippe Blondeau.

Il nous tient à cœur d'ajouter que ce numéro, par ailleurs placé sous le signe de la poésie roumaine, renferme une véritable gemme signée de notre très jeune mais scandaleusement doué ami et "protégé" (comme s'il en avait besoin !) Alexandre Nicolas-André : Les Statues.

fm+emd

Points de vente : Galerie-éditions L. Mauguin (75005), Librairie Compagnie (75005), La Hune (75006), L'Ecume des Pages (75006), Le Flâneur des 2 Rives (75006), Le Monte-en-l'Air (75020), Librairie Publico (75011), Lady Long Solo (75011), Halle Saint-Pierre (75018), Librairie Anima (75018), Librairie Le Rideau Rouge (75018), La Lucarne des Ecrivains (75019), Le Merle Moqueur (75019), Librairie du Labyrinthe (Amiens).

jeudi 21 mars 2013

NORD – Expo « Bowie Is » au Victoria & Albert Museum : Chronic’art / La Vie sur 5



Et donc voici le LIEN VERS MON ARTICLE, plusieurs fois différé et repris, fin janvier, pour intégrer l’actu galopante du Blitzkrieg médiatique bowien :


MAKING OF :

Merci à Emma de m’avoir éclairé sur la signification du titre et la pochette du dernier Bowie. Puisque We Can Be Heroes juste une journée, m’a-t-elle rappelé, eh ben The Next Day on se retrouve comme des cons.

Aussi lorsque, après le succès PLANÉTAIRE de mon roman Valeursajoutées, j’ai entrepris, à l’été 2012, d’écrire sur Bowie, mon état d’esprit était-il celui qui, d’après l’intéressé, présida à la création Low : “Let’s just pull down the blinds and fuck ‘em all…”  Comment prévoir que seulement quelques mois plus tard, l’univers entier allait se jeter sur mon « sujet d’étude » à la manière d’une harde de zombies affamés ?

Cette semaine Bowie et son retour surprise sont dans le Figaro Madame. C’est dire. L’album The Next Day est sorti le 11 mars. Mais le top-départ de ce revival inattendu avait été donné dès novembre, avec l’annonce de l’expo David Bowie Is au Victoria & Albert Museum. Immédiatement, ou presque, je me suis vu offrir l’opportunité d’écrire un papier sur cet événement follement événementiel, pour un site animé par le docteur es hype Thierry Théolier et dépendant de Chronic’art.

"Et voilà", en français dans le texte...
Incidemment, l’expo débute ce samedi, 23 mars.