jeudi 31 janvier 2013

SUD - Les taches

Le hanneton est fini. Pris en étau, c’est la fin du voyage pour  l’horrible mascotte mordorée de l’entomologiste. Pourtant ils ont l’air bien inoffensif les deux petits cochons ailés avec leurs queues minuscules et leurs oreilles de lapin. Leur groin trompette l’assaut, Kajagoogoo pop Bontempi pour la victoire. Deux gros nazes à la récré. Deux gros méchants qui se tapent le faiblard, le timide, le sans défense. La question qui subsiste quand on regarde la mêlée c’est à qui appartiennent les pattounettes crochues au devant du plaquage. Ou alors c’est un trip scato, les trois éclatés au sol qui poussent leur petite crotte en vagissant de bonheur. Baston caca stade anal maternelle moyenne section avec les deux attardés de troisième qui singent ah, l’orgasme groin tendu. Tous les trois des mecs. Aucune fille ne joue à ça. A la rigueur elle le fait pour de vrai. C’est une scène pour du beurre avec des gens dûment bités qui ne peuvent poser qu’un regard dégueulasse sur ce qu’ils sont en train de jouir au lieu d’en profiter. Mâle mal, pas de blâme, tu es né comme ça petit hanneton. Tu te serais appelé Anne qu’ils t’auraient pas traité autrement. Ici, on hésite sur le sexe du mort.


Des bouts rouges se détachent. Poursuite de l’histoire. Une suite de planches n’est-elle pas une BD ? Les groins sectionnés font sacrifice sur la toile. Carmin sur blanc. Les cochons transmués rhinocéros, dedans digèrent la masse hannetonneuse et la conchie par-dessous. De comment deux cochons ailés peuvent muter rhinos unicornes en bouffant du hanneton, le scénariste n’a pas laissé un seul indice. Mais alors ça saigne. Mais propre. Mais jugulé art abstrait. Tous joyeux ils dansent se tenant par la corne mais – toujours ces connecteurs logiques – l’anophèle au centre laissé par le trou vivant du hanneton écarte les ailes et fait place à deux négresses qui font leur tambouille dans un bassin humain en fredonnant un chant lénifiant de croches rouges. De l’esprit du papillon surgit l’Afrique, joli comme un nœud – papillon bien entendu – au-dessus du chaudron anthropophage. Pour finir les pilleuses de mil sont transgenre. Leurs seins proéminents assortis au bec de leur bite entre leurs genoux. Trop de bouts dépassent en regard du Grand Catalogue de la Norme.


C’est là que déboule ce gros machin qui ne sert à rien chaussé de bottes importables.  Des sept lieues au bas mot mais terminées par des talons aiguille qui l'empêchent d’aller vite quand il veut s’enfuir. Du coup il se fait toujours choper et ramener à la case départ. Ses grosses jambes affublées de choses qui - ni pinces, ni bras - ne lui permettent d’embrasser, de tenir. Pour ça que le dehors il peut pas. Il git là, éclaté comme un planisphère transmué sous-main, moins décoratif qu’un nécessaire de bureau. Caché. Dessous. Pas là. Cou tranché, une tête de femelle dragon dépasse d’entre ses cuisses.




Arrive alors cette petite chose, la toute petite. La plus petite de toute, hérissée d’antennes de velours, poudrée, fragile, juste en-dessous du papillon cardiaque des négresses qui ont suspendu leur foie. Serrée sur elle-même, folle énergie mutique au-dessous du chant nègre qui tambouille son millet dans la cuvette en bassin d’homme. Les flèches vont vers mais trop compacte, elle reste. Ses ailes sont désarticulées, des ailes pour faire joli qui ne servent à rien. Une éphémère qui n’arriverait à rien, même pas à survivre à sa seule journée. A l’arrivée au port surmontée d’un phare ou d’une église. La croix bien flippante au-dessus de l’eau. Deux presque îles donnent sur l’étendue de la mer. On entre au port par le chenal creusé entre elles.




Les filles de la figure 3 tentent de s’embrasser mais, trop loin, le baiser n’advient pas. Deux harpies. Inquiétantes. Un crâne de brebis, une chauve-souris, un papillon d’été maintiennent à l’écart deux petites panthères en équilibre.
L’ensemble prend feu. De la fusion des éléments après crémation surgissent deux acariens aux membres velus.
 

- Est-ce cela que je suis ?



Nous sommes ses jouets. Ses mensonges destructeurs vous les chargez d’étincelles.
Vous êtes dans cette salle blanche et je vous parle. Vous m’écoutez. Vos cris oblitérés par le passage systématique de la censure à l'étage supérieur. Arrivés en haut, ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, déformés, trahis comme au bout de la chaîne d’une longue rumeur. Vous avez intégré depuis longtemps votre propre police. Le réel en est déformé par le filtre de ses bureaux. Censure. Réécriture, oblitération. Vous êtes muets. Vous êtes borborygmes.
Vérifications. Querelles des petits chefs. Le millefeuille du système, l’impitoyable compresseur qu’est le s------:)))


 


Vous êtes une fiction.